Bahati Lukwebo n’en revient pas. Il vient à peine de faire élire sur les listes de son parti AFDC des députés nationaux et provinciaux. Et, au regard des résultats, il espère être au centre de grandes discussions sur le partage des postes dans le prochain gouvernement qui pointe à l’horizon.
Mais, il est en train de se faire doubler. Avant même que la Haute Cour ne rendre ses arrêts dans les contentieux qui lui ont été présentés dans le cadre des élections législatives, des élus estampillés AFDC quittent déjà la barque et rien ne garantit qu’ils seront maîtrisables.
Car, au cours du quinquennat qui vient de s’achever, l’Union sacrée a créé une jurisprudence qui risque de coûter cher aux leaders politiques de la même famille politique. Décidément, si l’on tire des conclusions, le mandat du député n’est plus impératif et n’appartient plus à son parti.
Des élus d’une même formation politique peuvent être, les uns à l’opposition, les autres à la majorité au pouvoir. L’expérience a été vécue quand, en décembre 2020, Félix Tshisekedi a ravi la majorité parlementaire à Kabila sur fond des billets verts. Des élus votés du PPRD ont rejoint l’opposition alors que d’autres se sont accrochés au pouvoir, en violation des lois de la République.
Bahati Lukwebo qui, lui-même, avait bénéficié de ce forcing en devenant président du Sénat, risque d’en être la première victime en 2024. En effet, à en croire des sources, nombreux de ses élus aimeraient déjà quitter la barque AFDC.
Une source qui reste à recouper va jusqu’à parler de 19 députés dont 7 auraient choisi de s’attacher à l’UDPS, 7 autres à Sama Lukonde et 5 à Vital Kamerhe.
Même si ces données ne sont pas encore confirmées, le communiqué publié le mercredi 24 janvier dernier par Bahati Lukwebo en dit long sur le tsunami qui secoue sa formation politique. D’ores et déjà, il est déjà averti que ses élus sont sur le point de lui tourner le dos
“Je me dois de rappeler à tous nos élus qu’ils sont invités à la discipline, à la fidélité, à la loyauté et au strict respect de leurs engagements en résistant à toute forme de sollicitation extérieure et toute alliance ou négociation“, lit-on dans la lettre qui, par la suite, renchérit :
“Je suis surpris d’apprendre que, à peine élus, certains camarades se font soudoyer tandis que d’autres acceptent des promesses fermes de corruption”.
Le président du Sénat ne peut que faire couler des larmes. Car, à ce moment où débutent les vraies manœuvres politiques post-électorales, seul le leader politique qui aura un nombre élevé de députés devra avoir droit aux chapitres. Ainsi, avec ces défections, Lukwebo voit la manne lui échapper en faveur d’autres caciques du régime.