Par Charles Mapinduzi
En République démocratique du Congo, le passé éclaire-t-il le présent pour que celui-ci prépare à son tour l’avenir ? Ou simplement, on choisit de ne vivre le présent sans se référer au passé ni penser au futur ? Les déboires auxquels le Congo fait face depuis les 2 dernières décennies auraient pourtant pu servir de leçon! Beaucoup plus, ceux de ces dernières années et de ces derniers mois. Hélas ! Mais, pourquoi l’histoire, pleine d’exemples, ne nous enseigne-t-elle pas? Comment espère-t-on aboutir à des résultats différents en adoptant une même méthode, s’interroge-t-on.
La sécurité reste âprement négociée à l’est du pays. A son accession au pouvoir en janvier 2019, Félix Tshisekedi a promis d’y mettre tout son esprit pour que les entités instables redeviennent un havre de paix et de développement. Près de 4 ans après, le chemin reste toujours long à parcourir.
Début mai 2021, le chef de l’État instaure l’état de siège, mesure exceptionnelle qui substitue la gouvernance civile en celle militaire. Une décision forte considérée comme la dernière cartouche du dirigeant congolais pour nettoyer les zones en conflit et y imposer la paix dans un temps record. Malheureusement, très vite, la mesure devient impopulaire suite à son incapacité à donner des résultats. Depuis, des populations du Nord-Kivu et de l’Ituri la dénoncent et exigent sa levée immédiate.
Au regard du pourrissement de la situation, et malgré l’état de siège, en fin novembre 2021, Félix Tshisekedi accepte une coopération militaire avec l’Ouganda. Un déploiement également considéré comme une autre dernière cartouche contre l’insécurité à l’est Mais, les troupes UPDF au Congo depuis un an maintenant ne sont jamais parvenues à donner la paix aux Congolais. Bien au contraire, elles sont accusées de souffler le chaud et le froid en soutenant la RDC contre les ADF au nord du Nord-Kivu, d’une part, mais en appuyant ouvertement le M23 au sud, d’autre part.
La Communauté d’Afrique de l’Est, aux portes de la RDC
L’EAC arrive. Tout est en train d’être fin prêt pour que ces nouvelles troupes viennent seconder l’armée congolaise contre les groupes armés à l’est. Le mercredi 2 novembre dernier, alors que des informations ont couru dans tous les sens que le Kenya proposait de se désister, William Ruto, nouveau président, a décidé d’envoyer ses hommes au Congo. Le même mercredi, il a remis un étendard à son contingent, question d’approuver son engagement à se lancer dans la bataille.
Mais, des interrogations sont légions. Si la République démocratique du Congo est convaincue de l’implication manifeste du Rwanda dans la déstabilisation, comment espère-t-elle gagner la guerre à travers les États de la Communauté d’Afrique de l’Est dès lors que Kigali en contrôle les renseignements militaires ? Comment espère-t-on que le régime rwandais fournisse des données nécessaires et précises alors qu’il est à la base de tout?
Sans douter des capacités militaires du Kenya, doit-on négliger le fait que Kigali et Nairobi ont généralement été politiquement proches, mieux que la RDC? Bien plus, le Kenya est-il dorénavant disposé à mettre du feu à ses bons offices entre Kinshasa et les groupes armés alors que depuis le début, il insiste sur la nécessité de trouver des solutions pacifiques et diplomatiques, allusion faire aux assises de Nairobi, même si au point mort aujourd’hui ?
Au regard de tous ces questionnements, diverses hypothèses attestent que les pays de l’EAC ne pourront efficacement combattre les groupes armés congolais. Au premier regard, on n’en doute point qu’ils soient là pour soigner uniquement les apparences et donner l’impression d’être au côté du Congo. Comme nombreux le pensent d’ailleurs, les troupes de l’EAC n’auraient l’intention que de s’interposer comme une zone tampon entre l’armée congolaise et le M23 et permettre un dialogue entre les 2 parties en conflit.
“Le Kenya enverra une mission de maintien de la paix. Ceci pour sauver la face. Pas une mission offensive. Nous aurons des forces additionnelles inutiles en d’autres termes. Le M23 est un monstre à plusieurs tête. L’EAC est pieds et points dans cette histoire. Voilà pourquoi il faut donner du temps à la rébellion d’occuper des espaces pour que quand arrivera l’heure de négocier, que nous négocions corde au cou”, estime un internaute.
La première crainte ici, c’est que Kinshasa mette tout son espoir en cette force sous-régionale en la considérant encore comme une dernière cartouche alors qu’il porte à croire qu’il pourrait bien s’agir d’une très mauvaise. On craint que Félix Tshisekedi s’y accroche et que cette expédition aboutisse à des résultats similaires à ceux des opérations qui ont précédé. La seconde crainte réside dans le fait que cette mosaïque des forces armées étrangères (MONUSCO, FIB, UPDF, EAC) devienne une vraie menace pour la République et que les mouvements de tous ces contingents échappe au contrôle du gouvernement congolais. On redoute que la triste expérience d’octobre 2000 à Kisangani, celle qui a vu le Rwanda et l’Ouganda se battre sur le sol congolais au péril des populations locales puisse être rééditée.
A ce niveau de la situation, la République démocratique du Congo devrait compter sur ses forces de sécurité : les équiper, les réformer, les désinfiltrer et les former. Le président congolais a tout intérêt d’opter pour cette voie, car sa réélection en dépend dans une large mesure. D’ailleurs, on se souvient qu’en 2019, il a promis qu’il ne se sentirait réellement président que quand la paix sera rétablie au pays.
Insécurité à l’Est : L’EAC, une autre mauvaise dernière cartouche de Félix Tshisekedi
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