Par Charles Mapinduzi
Les Romains le savaient déjà depuis bien des siècles avant notre ère : “Si vis pacem, para bellum” (Qui veut la paix, prépare la guerre). Secouée par d’interminables conflits armés de tout genre depuis la fin du régime Mobutu, la République démocratique du Congo devrait s’inscrire à cette école là, l’école des Romains. Depuis le dialogue de Sun City, le Congo Kinshasa n’a pas arrêté de patauger. A l’issue de récurrentes assises, nombreuses résolutions ont été prises entre le gouvernement congolais et les animateurs des groupes armés mais leur mise en application a toujours connu un problème d’exécution.
De nos jours, en dépit de ces pourparlers multiformes, les villes et villages congolais continuent d’être envahis par une forte présence d’hommes armés, libres de tout mouvement et qui échappent au contrôle des forces de défense et de sécurité. Pourtant, de gré ou de force, l’Etat congolais s’est retrouvé sur une table de négociations avec ces milices qui n’ont aucune légitimité. Mais, le gouvernement n’a jamais réussi à les dissuader malgré de nombreuses tentatives alors qu’après autant de conciliabules, le pays aurait pu être conduit à revivre la paix et le retour à une vie normale.
Pour la petite histoire, en avril 2002, à Sun City en Afrique du Sud, un accord global et inclusif est signé entre certaines parties prenantes à la deuxième guerre du Congo, à l’issue du dialogue inter-congolais. Les délégués espéraient qu’il s’agirait d’un épilogue mettant fin à plus de 4 ans de conflit et 19 mois de négociations, préparant le terrain pour un gouvernement d’union nationale. Mais déjà, en 2004, Jules Mutebushi et Laurent Nkunda, tous 2 officiers au sein des FARDC, font défection et secouent la province du Sud-Kivu. En 2008, Laurent Nkunda réapparaît au Nord-Kivu à la tête du CNDP. Après avoir tenté de prendre la ville de Goma, son mouvement se retrouvera sur une même table avec les autorités de Kinshasa. Un accord de paix est signé le 23 mars 2009 : une partie de rebelles sont amnistiés, d’autres sont réintégrés au sein de l’armée congolaise.
Sur base des revendications enfouient dans l’accord du 23 mars 2023, dit-il, le même CNDP se mue en M23 et renaît en 2012. Combattu par le gouvernement congolais, il se dissoudra définitivement en 2013 à l’issue des assises tenues à Kampala entre lui et Kinshasa. Cependant, en novembre 2021, la même rébellion refait surface au Nord-Kivu en présentant de nouvelles revendications.
De nos jours, la République démocratique du Congo doit de nouveau s’en débarrasser alors qu’on pensait qu’il s’agissait d’un chapitre déjà clos. La rébellion attend voir le gouvernement congolais accéder de nouveau à ses désidératas pour qu’il dépose les armes.
Ce mardi 6 décembre 2022, à Nairobi, viennent de s’achever d’autres pourparlers avec des groupes armés locaux issus des provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika. De nouvelles résolutions viennent d’être prises mais rien ne rassure qu’elles seront respectées. Déjà, des observateurs avertis redoutent qu’après avoir pris leur perdiem, les mêmes milices regagnent leurs quartiers généraux pour continuer leur lutte armée en tournant le gouvernement en bourrique.
Ce qui, en un mot comme en mille, démontre à quel point la République démocratique du Congo tourne en rond. Le gouvernement congolais applique les mêmes méthodes qui n’ont pas réussi par le passé et espère aboutir aux résultats différents. C’est peut-être suite à ce cercle vicieux dans lequel Kinshasa aime souvent baigner que les conflits armés continuent de déstabiliser le pays. Pourtant, les Romains rappellent que celui veut la paix doit se préparer à la guerre, pas aux négociations, pas aux conciliabules.
Le Congo devrait penser à imposer la sécurité sans jamais tenter de la négocier. C’est uniquement par cela qu’il pourrait faire peur à ses voisins qui l’agressent ainsi qu’à toutes les milices locales qui le secouent : la paix s’impose, elle ne se négocie pas. Sinon, il ne s’agira que d’un éternellement recommencement entre le gouvernement et les groupes armés.