Par Charles Mapinduzi
Le cri de Félix Tshisekedi a résonné dans le désert. C’est évident. Celui de Sama Lukonde aussi. Mieux, c’est entre les oreilles des sourds que la voix des dirigeants congolais est tombée. C’est en tout cas le moins qu’on puisse dire.
Les seules paroles du président congolais, de son premier ministre, des autorités provinciales ou même des notables n’ont pas suffi à dissuader les Kasaiens à rester chez eux en attendant monts et merveilles leur promis. Contre une famine généralisée, les populations du centre du pays continuent d’affluer vers le Haut-Katanga où ils espèrent trouver une oasis.
Pourtant, il y a peu, une table ronde interprovinciale au cours de laquelle les autorités sont revenues sur cette épineuse question a été tenue à Lubumbashi. Objectif, réconcilier d’abord Katangais et Kasaïens et, ensuite, convaincre ces derniers à ne pas fuir leur contrée. Malheureusement, peine perdue. Car, pas plus tard que le mercredi 4 mai dernier, un autre train en partance pour la ville cuprifère a refoulé du monde. Pleins à craquer et, à la place des marchandises comme par le passé, les wagons étaient remplis de Kasaïens qui ne juraient qu’à aller s’installer dans le Haut-Katanga. On dirait que la table ronde organisée par Kinshasa a tout résolu, sauf les vrais problèmes.
Déjà, le lundi 2 mai, Jacques Kyabula, gouverneur du Haut-Katanga, a prévenu sur l’afflux incontrôlé des ressortissants kasaïens, dont des policiers, qui débarquent régulièrement dans sa province. Il a parlé de 750 hommes qui fuient avec des armes vers le Katanga sans autorisation et qui sont une vraie menace sécuritaire dans cette partie. Sans citer des civils non dénombrés qui demeurent un terrible poids économique pour la province.
Quel remède ?
Les problèmes sociaux auxquels sont confrontés les populations du Kasaï sont généraux sur l’ensemble du territoire national. Face à l’incapacité des dirigeants à répondre aux besoins vitaux des citoyens, les Congolais s’impatientent et se déchirent à quatre pour trouver une aubaine à leurs risques et périls, question de survie.
Pour les provinces du centre du pays principalement, comme partout ailleurs d’ailleurs, le remède ne viendra ni des promesses, ni des tables rondes mal ficelées qui paraissent plus comme une autre forme de gaspillage des deniers publics. Le chef de l’Etat de qui le peuple attend beaucoup doit être plus pragmatique et éviter de caresser les Congolais dans le sens du poil. Car, dit-on, toute patience a toujours des limites. Le programme de 145 territoires annoncé avec pompe depuis novembre dernier et qui est censé venir changer les paradigmes, souffre déjà d’une mise en pratique alors que la fin du quinquennat approche.
Pour combattre efficacement la pauvreté, la misère et la faim qui sèment l’exode massif tant décrié, il faut impérativement penser aux investissements à grande portée dans les Kasaï. Les usines de production, l’emploi lucratif pour les jeunes, notamment, sont les principaux moyens de convaincre les ressortissants de cette région à ne pas envier ailleurs. Pour le cas échéant, la relance de la Minière de Bakwanga (Miba) paraît ici comme l’une des alternatives pour redonner espoir à ces populations en détresse.
Au contraire, les Kasaï continueront exponentiellement à se vider de leurs habitants au détriment d’un Katanga de plus en plus surpeuplé et exposé aux dangers.