Par Charles Mapinduzi
Déjà, pour les indignés des massacres des populations à l’Est, tout déploiement d’une nouvelle force sous-régionale dans l’est du pays est une surmilitarisation de trop, inutile et désordonnée. En effet, en plus de la mission des Nations-Unies (Monusco) engagée depuis plus de 2 décennies dans la zone, l’armée ougandaise a aussi envoyé ses éléments combattre au côté des FARDC. Malheureusement, aucun iota n’a bougé pour ce qui est de la sécurisation du territoire national.
La dernière fois que différentes troupes étrangères ont été invitées en RDC, c’est au cours de la 2e guerre du Congo, d’entre 1997 et 2003. Mais, les séquelles créées par l’implication de ces forces sont bien encore fraîches que les populations de la partie orientale sont dubitatives, méfiantes et craintives. Elles redoutent qu’au lieu d’apporter la paix, l’EAC vienne à nouveau transformer une partie du territoire national en un théâtre d’atrocités sanglantes.
Peu importe, le gouvernement congolais a déjà avalisé le déploiement et sous-entend même avoir pris des précautions qu’il faut pour éviter tout débordement. A la presse, et au sujet de cet accord de coopération militaire, le ministre des affaires étrangères a indiqué que le président Tshisekedi tenait à se rassurer que les troupes de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) viendront rencontrer les attentes de l’ensemble du peuple qui est impatient à revivre la paix au pays.
Également, le chef de l’Etat a insisté sur le respect des droits humains et la nécessité d’une coordination entre tous les participants. Il a tenu à rester engagé sur la voie du processus de Nairobi et Luanda qui, d’une part, soutient la voie diplomatique et, d’autre part, la force militaire contre tous les groupes armés qui s’entêteraient.
Christophe Lutundula garantit que la nouvelle force à déployer en RDC pour une durée de 6 mois renouvelables a pour mandat, non de maintenir la paix mais de l’imposer. Au sujet des craintes, le ministre congolais révèle que l’accord définit la façon dont les dégâts seront réglés en cas de violation des clauses arrêtées dans le document.
“Premièrement, l’accord définit la mission confiée à, comme on appelle globalement, la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est. Ensuite, l’accord détermine les régimes de facilités fiscales et administratives d’établissement reconnu à cette force. Troisièmement, l’accord détermine aussi le régime des immunités de ceux qui participent à la force. De la même manière, l’accord définit les règles d’éthique professionnelle, de code de bonne conduite. L’accord définit aussi le mode de règlement des différends qui peuvent surgir. Et enfin, l’accord définit aussi de la manière dont les dégâts, les dommages collatéraux issus des opérations vont se régler. La force régionale n’est pas une force de maintien de la paix, c’est en fait une force d’imposition de la paix, une force offensive, donc la manière de réparer les dégâts collatéraux est bien définie dans cet accord”, a-t-il indiqué à Actualité.cd.
Jusque-là, une première vague de troupes burundaises a déjà été déployée au Sud-Kivu. Les Ougandais, eux, sont déjà engagés dans les opérations shuja en région de Beni et de l’Ituri. Pour le moment, les forces du Kenya, celles de la Tanzanie ou encore du Soudan du Sud restent attendues. Selon le ministre congolais, il est prévu que le Kenya se déploie au Nord-Kivu, dans le territoire de Rutshuru et le Soudan du Sud, à l’intérieur des frontières nationales congolaises, au Nord de l’ex-province orientale. Quand au Rwanda, pays soupçonné d’être responsable de plusieurs agressions au Nord-Kivu, il restera à l’intérieur de son territoire, le long de la frontière congolaise pour protéger sa propre frontière.
La force sous-régionale de l’EAC paraît bien comme le tout dernier secours pour Félix Tshisekedi qui a promis la sécurité au peuple congolais mais dont le mandat arrive à termes dans moins de 2 ans sans que sa promesse ne soit tenue. Lui qui a été présent lors de la signature de cet accord par les experts de la commission économique de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) tient certainement à ce que les opérations projetées lui apportent la paix tant réclamée.