Par Charles Mapinduzi
Il ne fait l’ombre d’aucun doute, le fichier électoral présenté par Denis Kadima est entaché d’irrégularités. Malheureusement, au lieu que son audit soit fait par des structures internationales indépendantes, il l’a été par des acteurs sur qui pèsent de terribles soupçons. Ce qui a irrité les opposants qui soutiennent que la CENI prépare le lit à la victoire imméritée de Félix Tshisekedi en décembre prochain.
Mais, en réponse aux cris des opposants, le chef de l’Etat n’a pas été équivoque. En séjour en Chine, le président congolais a prévenu que les élections se tiendront en décembre, qu’on le veuille ou pas. N’en déplaise à ceux qui les critiquent et qui demandent la révision du fichier électoral, la recomposition de la CENI ou encore de la loi électorale.
Toutefois, tout reste à jouer à l’Assemblée nationale. Les députés nationaux sont ceux qui devraient trancher en dernier ressort. Ils peuvent bloquer le processus s’ils le jugent défaillant, tout comme ils peuvent l’appuyer et le pousser plus loin s’ils le trouvent convaincant.
Cependant, la crainte est énorme. Car, depuis que nombreux élus sont gâtés par le régime, ils travaillent assidûment pour l’argent, pas plus pour le peuple. On n’ignore pas les conciliabules depuis le renversement de la majorité parlementaire, le silence sur la question RAM, sur l’insécurité dans l’Est avec la prorogation de l’état de siège pourtant décrié, etc. Les députés de l’Union sacrée sont quasiment devenus une caisse de résonance pour le pouvoir exécutif qu’ils sont pourtant censés contrôlés, estiment nombreux Congolais.
Partant de cette crainte, Martin Fayulu interpelle d’abord, tonne ensuite puis met en garde les élus qui ont choisi de servir les dirigeants, plutôt que leurs électeurs. L’opposant leur demande d’écouter de vive-voix leur conscience et d’opérer un choix pour sauver le processus électoral, car la vie de la nation en dépend forcément.
“J’exhorte l’Assemblée nationale de la RDC à s’abstenir de voter la loi sur la répartition des sièges, basée sur un fichier fabriqué par monsieur Kadima. Les élections doivent se faire sur base d’un fichier fiable. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il ne faut pas jouer avec le feu“, lance-t-il.
Des informations ont couru dans tous les sens au sujet d’un montant de 5 millions de dollars qui ont été débloqués pour soudoyer les députés afin qu’ils votent cette loi malgré les dénonciations et les craintes populaires. Ce sera donc aux élus nationaux de trancher pour crédibiliser le processus électoral en cours, à moins qu’ils aient décidé de devenir des affairistes au service de l’argent, plutôt qu’au service du peuple.