Par la Rédaction
Le 26 mai 2020, étrange meurtre du juge Raphaël Yanyi Ovungu (magistrat qui présidait les audiences du procès Kamerhe), au lendemain de la 2è audience. 3 ans après, l’affaire comporte des incohérences et la famille de Raphaël Yanyi ne croit pas en la version officielle. Grâce à la médiatisation de ce procès, l’opinion publique avait alors découvert un juge dont la sérénité et la rigueur semblaient redorer le blason d’une justice longtemps vilipendée et décriée.
Le 25 mai 2020, au cours de la 2ème audience du procès où les 3 co-accusés (Kamerhe, Jammal et Muhima) avaient eu chacun à répondre à une série de questions pour éclairer le tribunal sur les faits leur reprochés, le juge Raphaël Yanyi Ovungu était présent, en pleine forme.
Mais le lendemain (dans la nuit du 26 au 27) – selon la version de la police fournie par le colonel Miguel Bagaya – vers 2 heures du matin, le juge Yanyi a des malaises. Sa famille décide alors de le conduire au centre hospitalier Nganda. Il succombera quelque temps après.
Dans les heures qui avaient suivi le décès, Miguel Bagaya (Chargé des opérations de la Police Nationale Congolaise) assurait que Raphaël Yanyi avait « succombé des suites d’une crise cardiaque« . Dans toute la ville de Kin, par contre, des rumeurs les plus folles bruissaient.
En mi-juin, le ministre congolais de la Justice (Célestin Tunda) affirmera que le magistrat de 55 ans était décédé « des suites d’une hémorragie intracrânienne résultant d’un traumatisme cranio-encéphalique ». Célestin annoncera l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Le rapport d’autopsie, rendu public, révélait que Raphaël Yanyi avait reçu des coups « à un endroit très sensible du crâne » et que ces coups « ont provoqué une coagulation du sang au niveau de la tête et qu’ils sont la cause principale de la mort« .
Il y eut plusieurs questionnements : dans quelles circonstances le magistrat a-t-il été agressé, alors qu’il était sous la protection constante de 6 policiers depuis le début du procès? Difficile d’imaginer qu’il ait eu des coups sans qu’on en fasse état dans son entourage.
Trois ans après son décès, autant de zones d’ombre n’ont pas été élucidées. Les nombreuses ONG de droits humains de la RDC et qui s’étaient unanimement indignées de ce décès suspect, ont elles aussi classé dans les oubliettes leur indignation de circonstance.
Par Benjamin Babunga