Par Charles Mapinduzi
Félix Tshisekedi est-il vraiment visé par un coup d’Etat militaire ? Des opposants à son régime tenteraient-ils de lui causer un coup aussi fatal et odieux? Pourquoi oserait-on un tel complot contre le chef de l’Etat? Qui s’y engagerait ? Voilà autant de questions qui méritent d’être posées, quand bien même personne ne pourrait y donner de réponses, à l’exception des services secrets congolais.
Mais, ces questionnements sont tout de même légitimes. Car, depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, de multiples arrestations d’acteurs politiques et sécuritaires se sont succédé au pays, ceux-ci étant toujours soupçonnés d’être au centre d’une mission qui viserait directement le président congolais. Cependant, jusqu’ici, rien n’est jamais établi qu’un quelconque acteur arrêté a réellement été impliqué dans un tel complot. Tout compte fait, après humiliations des présumés, des enquêtes ont souvent conclu que dans la plupart des cas, il ne s’agit que de simples rumeurs. Dans ce cas, pourquoi, sur base de faux bruits, Kinshasa décide-t-il souvent de sacrifier la réputation de ceux qui sont souvent interpellés sur base des mensonges?
Sous le FCC-CACH, par exemple, à chaque fois que la coalition tentait de chavirer, des membres de la mouvance au pouvoir pointaient du doigt les Kabilistes d’être dans une manœuvre déstabilisatrice du régime et les accusaient de fomenter éventuellement un putsch pour renverser Félix Tshisekedi. Au regard du passé des anciens tenants du pouvoir, le peuple croyait fermement à ces accusations jusqu’à ce qu’on ce soit aperçu que ce ne fut que des montages sortis des labos.
Puis, furent venus les généraux Delphin Kahimbi et John Numbi qui ont également été cités dans les mêmes dossiers. Pas seulement eux, car nombreux officiers supérieurs de l’armée congolaise sont en geôle suite aux mêmes soupçons. L’exemple le plus illustratif est celui du général Philémon Yav qui croupit encore à Makala sans que la justice ne soit réellement en mesure d’établir les responsabilités du général dans un projet aussi subversif.
Même au sein du cercle restreint du président, d’autres accusations ont couru. D’abord contre François Beya, ancien bras droit et chargé de la sécurité du chef de l’Etat. Arrêté, humilié, calomnié, le securoctate n’a jamais digéré qu’il ait été victime de si graves accusations. Après avoir réussi à se libérer des griffes, Beya qui s’est par la suite envolé pour l’Europe n’est jamais revenu au pays.
Après lui, vint le feuilleton Fortunat Biselele. L’ancien conseiller de Tshisekedi est toujours en tôle. Les autorités sécuritaires et judiciaires accusent Bifort d’avoir travaillé avec l’ennemi de la République pour tenter des actions qui portent atteinte à la sûreté de l’Etat. Après lui, d’autres acteurs ont également été visés, dont le député Édouard Mwangachuchu contre qui un dossier est en cours.
Aujourd’hui, alors que le pays progresse vers les élections, c’est Salomon Idi Kalonda qui est au cœur des débats. Le gouvernement congolais l’a chargé en le présentant comme un comploteur dont le pays tout entier doit avoir peur. Le conseiller de Moïse Katumbi est notamment accusé de vouloir renverser le pouvoir en place afin d’y installer un Katangais, etc.
Mais, pourquoi les autorités congolaises ont-elles si peur d’un coup d’État et donnent l’impression de le voir partout ? De quoi ont-elles peur alors qu’elles vantent toujours le bon travail qu’elles font pour le pays? Sont-elles hantées par le spectre d’un putsch imaginaire que personne n’a peut-être même jamais osé contre le chef de l’État ? Ou, jouent-elles à la politique de l’autruche pour prévenir ceux qui oseraient renverser les institutions ? Qui sera donc le prochain à être soupçonné dans un tel complot? Car, depuis 5 ans maintenant, des accusations allant dans ce sens n’ont jamais tari.
De toute évidence, il est peu probable que des acteurs pensent à éjecter le président de la République de son fauteuil alors que le pays est à seulement 6 mois de la fin de son mandat, même si naturellement, il est libre de tenter sa seconde chance. Sauf erreur, personne ne pourrait viser Félix Tshisekedi au moment où, par des élections, ce dernier peut perdre de lui-même si les Congolais décident de pas lui raccorder leurs voix. Le régime n’a donc pas raison de se faire inutilement des cauchemars provoqués par le spectre d’un coup d’Etat imaginaire mais doit se concentrer à travailler pour le peuple avec espoir que ce dernier lui rendre l’ascenseur en décembre prochain.