Par Charles Mapinduzi
A tord ou à raison, les Congolais ont fait du Rwanda leur plus grand ennemi. Naturellement, parce que le régime en place à Kigali est impliqué dans le bradage de nombreuses ressources minières dans l’est où il entretient des groupes armés par des acteurs interposés. Mais, pour autant, il n’est pas faux que ce prédateur profite des failles des régimes qui se sont succédé au Congo depuis 1997. D’abord, il a réussi à introduire un cheval de Troie au sein de l’appareil sécuritaire, ce qui lui permet de manœuvrer par des coups éhontés à partir même de l’intérieur. Ensuite, il fomente des plans odieux de déstabilisation pour anéantir des provinces de l’est afin de mieux piller ses richesses grâce auxquelles il construit son économie.
Cependant, Benjamin Babunga Watuna questionne et interpelle sur le rôle du Congolais lui-même face à son destin. L’historien se plaint de constater que ces 2 dernières décennies, la République démocratique du Congo n’a fait que gémir au nom du Rwanda, plutôt que prendre ses responsabilités afin de sortir du ghetto. Par des questions bien calculées et magistralement interpellatrices, l’analyste place le Congo au centre des ça ne va pas qui rongent le pays depuis des années.
D’abord, il s’étonne qu’au lieu de travailler sur ses problèmes éternels, la RDC ne fait qu’évoquer le nom du Rwanda à chaque fois que l’occasion se présente. Pourtant, Kigali a souvent profité de la désorganisation interne de la politique du Congo pour lui imposer un coup fatal. L’historien rappelle que les citoyens congolais sont également impliqués dans la prédation contre leur propre État, il dénonce le clientélisme et l’amateurisme dans le chef de ceux qui gouvernent.
“Citer à longueur des journées le Rwanda ne justifie pas la megestion du pays. Nos échecs, nos bassesses politiques, notre manque de patriotisme, notre insouciance face aux problèmes du peuple…c’est le Rwanda, ça aussi? Jusques à quand le spectre Rwanda hantera nos esprits ?”, s’interroge-t-il.
Puis, à lui d’enchainer en insistant que la mégestion du pays, les détournements, la corruption, l’enrichissement illicite par des Congolais d’origine n’ont jamais été commandités par le régime de Kigali mais par des nationaux eux-mêmes. Par conséquent, il exhorte les Congolais à sortir la “poutre qui est dans leur œil avant de sortir la paille qui est dans celui du Rwanda”.
“Le Rwanda ne nous a jamais obligés de frauder nos minerais, de trahir, de nous faire corrompre, de nous entre-tuer pour des intérêts égoïstes, de nous comporter en tribalistes et régionalistes, de violer notre propre constitution, de tuer notre jeune qui réclame une vie meilleure, ni d’abandonner nos ordures ménagères dans nos rues. Cessons donc de voir le Rwanda partout”, chute l’historien.
En pleine crise avec le Rwanda suite à l’agression menée par le M23, Kinshasa ne fait que charger Kigali. D’ailleurs, Félix Tshisekedi s’est attiré une partie de l’opinion qui soutient que dénoncer le Rwanda est une des voies qu’il faut toujours prendre. Malheureusement, ces dénonciations n’ont jamais permis à rien résoudre. Les autorités congolaises passent tout leur temps à s’imaginer des discours de condamnation de Kagame, plutôt que de travailler sur des solutions palliatives pour se faire respecter par les Etats de la sous-région dont ses 9 voisins.