Par Charles Mapinduzi
Tous les coups sont permis à cette période post-électorale en République démocratique du Congo. Si par leurs actions, les opposants cherchent à se victimiser, le régime, lui, accuse et charge à tord ou à raison leurs concurrents à la prochaine présidentielle.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas pour autant faux que la situation au pays est catastrophique, que ce soit sur le plan social, sécuritaire, politique ou que ce soit sur le plan électoral. A l’heure du bilan, avant décembre prochain, le gouvernement en place sera sans aucun doute opposé à ce tableau sombre tant décrié. Il en est pleinement conscient.
C’est d’ailleurs dans cet ordre d’idées qu’il essaie de s’échapper de ses responsabilités en pointant du doigt les autres dans ce qui ne va pas : d’une part, il pointe la mauvaise et ancienne gouvernance de Kabila; d’autre part, il accuse Kagame ou encore tous les autres acteurs qui ne participent pas à l’Union sacrée.
Par exemple, pour la carence en maïs au Katanga et dans le Kasaï, comme personne ne pouvait s’y attendre mais comme elles savent bien le faire, les autorités du pays ont immédiatement chargé un opposant qui, selon elles, est de connivence avec la Zambie pour paralyser la vie économique dans le Nord-est du pays afin de salir le pouvoir en place! Quelle témérité ! Pour éviter d’assumer l’échec, Kinshasa avance des arguments tout à fait monstrueux qui responsabilisent toujours d’autres, jamais ceux qui gouvernent.
Ce lundi 5 juin, la capitale Kinshasa est paralysée par un vaste mouvement de grève des transporteurs en commun. Pas de taxi, ni de taxi-bus pour assurer le déplacement de la population. Seuls les particuliers et les Wewa sont visibles sur les artères de la capitale. Les parkings sont bondés des clients à la recherche d’un hypothétique moyen de transport. A Bandalungwa, par exemple, l’arrêt Tshibangu est plein de monde (élèves, étudiants, travailleurs et autres). Les wewa en profitent pour majorer le prix de transport. De Bandal Tshibangu au Rond-point Huileries, ils fixent le prix à 2500 FC la course., Limete-Rond point Ngaba 5000 FC. Quel calvaire, se plaint un Kinois à bout de souffle
Qui va-t-on encore accuser? Comme il en a l’habitude, Kinshasa cherche-t-il à obtenir encore celui qui a instrumentalisé les chauffeurs des taxis? Qui de Kabila, Kagame, Katumbi va-t-il porter le chapeau? Officiellement, les transporteurs en commun justifient leur mesure de grève de 3 jours par des tracasseries des agents de la police de circulation routière, une question facile à résoudre pour autant qu’il suffit qu’un ordre vienne de la Cité de l’UA pour que tout se règle en un clin d’œil. Malheureusement, on laisse la situation pourrir et on cherche le coupable ailleurs. Et comme pour le régime, l’enfer c’est toujours les autres, il ne sera pas exclu qu’il endosse la responsabilité de cette grève à un ou des acteurs congolais, question de se laver de l’image que l’absence des taxis à Kinshasa pourrait provoquer dans l’opinion et sur la popularité de Félix Tshisekedi à 6 mois de la présidentielle.