Par Charles Mapinduzi
Le gouvernement congolais a-t-il finalement avalisé l’action des milices locales ? C’est en tout cas la question qui est sur toutes les lèvres à la suite des propos tenus par Muhindo Nzangi Butondo lors d’un point de presse ce lundi 6 mars à Goma, au Nord-Kivu.
En effet, le ministre de l’ESU a abordé la question sécuritaire de l’Est, allant de l’agression rwandaise à l’activisme des groupes armés locaux, en passant par le déploiement de la force sous-régionale dont les résultats sont aujourd’hui décriés.
Sur la question du M23, alors que des sources diplomatiques affirment que grâce à Luanda, un dialogue entre Kinshasa et la rébellion est en vue, ce membre du gouvernement a répété que Kinshasa ne compte pas aller aux négociations, surtout pas sous le format actuel.
On va utiliser tous les moyens pour obtenir la victoire contre le M23, y compris le moyen diplomatique. Jusqu’à l’heure où je vous parle, le gouvernement n’a pas encore pris une quelconque initiative pour négocier avec les terroristes du M23. Il n’y aura pas de négociations dans le format actuel », dit-il.
De l’autre côté, défendant la force sous-régionale, Muhindo Nzangi Butondo a estimé que n’eût été la présence de l’EAC au Nord-Kivu aujourd’hui, la ville de Goma serait déjà tombée entre les mains de la rébellion.
Parlant des milices locales, l’autorité morale du parti AVRP n’est pas allé par 4 chemins pour se faire leur porte-étendard. A l’en croire, ces groupes armés qu’il a qualifiés de « Wazalendo » sont maintenant reconnus par les autorités congolaises. D’ailleurs, dès la semaine prochaine, dit-il, il est prévu la mise en place d’un cadre légal qui va les encadrer afin que ceux-ci soient traités comme l’armée pour combattre l’agression rwandaise.
« Les Wazalendo sont désormais reconnus par le gouvernement congolais. Ils seront mis dans les mêmes conditions que les FARDC. Ils deviennent des réservistes, ils ne sont plus considérés comme des forces négatives et seront ravitaillés par le gouvernement. L’option de les légaliser nous permet de résoudre deux problèmes : il nous aide à résoudre le problème d’effectif de notre armée, et ensuite il permet de vider les groupes armés, c’est la constitution qui nous le permet. Tout vrai citoyen patriote doit être un Muzalendo, c’est à dire, doit se laver (se tatouer contre les balles) pour défendre son pays », a déclaré Muhindo Nzangi.
Mais aussitôt, cette prise de position a créé un véritable tollé dans l’opinion au Nord-Kivu.
« Le point de presse du ministre Nzangi est une panne de crevaison, populisme de mauvais goût, un ridicule et de l’opprobre jetée sur la République. Le sens d’homme d’Etat n’est pas en lui. Une haute trahison qui mérite la sanction du président de la République », écrit le député provincial Prince Kihangi.