Par Charles Mapinduzi
Sur le plan politique, les signaux sont au rouge avant la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo. Le régime ne désarme pas dans la traque des opposants qui tentent de faire ombrage au candidat Tshisekedi : des arrestations par ici, des menaces par là, des interdictions par ailleurs, etc.
Retranché dans sa ferme de Kingakati, aux confins de Kinshasa, l’ancien président n’a toujours pipé aucun mot. Même quand le quatuor de l’opposition a appelé à manifester contre un processus électoral défectueux, Kabila est resté dans son mutisme légendaire. Jusqu’ici, la position de l’ex-dirigeant n’est toujours pas connue.
Toutefois, au regard de la façon dont son successeur a brutalement et unilatéralement rompu la coalition FCC-CACH qui les unissait, il n’y a point de doute que le sénateur à vie ne soutiendra pas un candidat du régime. A moins qu’il y ait de nouveaux compromis entre Kingakati et la Cité de l’UA. De nombreuses informations ont même été partagées, informations affirmant que depuis plusieurs semaines, Kabila ne voulait même plus entendre parler de son successeur.
Cependant, on doit l’avouer, le 4e président congolais est un acteur majeur qui peut bouleverser les cartes lors de prochaines élections. Le candidat qui l’aura dans son camp aura la chance d’avoir pêché un très gros poisson qui détient d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui des fidèles au sein de l’armée. Or, au regard des faits, Tshisekedi l’a sans nulle doute déjà perdu. Et pour prévenir, il faut impérativement le mettre hors d’état de nuire avant les scrutins.
Car, avec des connexions qui sont toujours et encore fortes avec l’extérieur ainsi que ses liens avec les officiers militaires, Kabila est aujourd’hui le seul acteur qui peut peser contre le régime si ce dernier tente un coup de force à l’issue de prochaines élections. Libre de tout mouvement, l’ex-président est ainsi un élément menaçant pour le régime et doit ainsi être mis hors-circuit.
Dans la nuit du jeudi à ce vendredi 2 juin, le bureau de la Fondation Laurent-Désiré Kabila a été envahi et vandalisé par un commando qui a saccagé le bureau de Jaynet Kabila qui la préside et qui est sœur jumelle à l’ex-dirigeant. Tout comme pour l’arrestation éclair de Salomon Kalonda, aucun motif de cette expédition n’a été avancé. Tout porte simplement à croire qu’il s’agit de la traque contre les opposants qui continue en vue de se frayer un passage vers la présidentielle.
Mais, s’attaquer directement et sans raison à la Fondation Désiré Kabila, un des héros nationaux puis vandaliser le bureau de sa fille qui n’est rien d’autre que la soeur jumelle de Joseph Kabila est porteur de sens : forcer le sénateur à sortir de son silence pour trouver un moyen de le charger et de l’arrêter. On a été témoins de plusieurs positions défendues par des Tshisekedistes qui ont plusieurs fois appelé à arrêter Kabila. On n’ignore pas que sous Tshisekedi, des décisions prises par la haute hiérarchie transitent souvent d’abord par les réseaux sociaux ou par les rumeurs avant d’être avérées.
Pour des observateurs, le régime de Kinshasa tente de s’offrir la tête de Kabila avant les prochaines élections, question de se débarrasser d’un acteur gênant et encombrant.