Par Charles Mapinduzi
L’Assemblée nationale veut s’offrir la tête du Premier ministre congolais. Même si le remaniement du gouvernement reste très impatiemment attendu et que jusqu’ici rien n’indique encore ce que sera le sort de Sama Lukonde, le député Gracien Iracan veut accélérer les choses.
L’élu de l’Ituri justifie sa démarche par le pourrissement de la situation sécuritaire dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, avec notamment l’agression rwandaise et l’activisme ADF, en plus d’autres atrocités entretenues par des milices locales.
Pour l’instant, le Katumbiste se limite à une question d’actualité adressée au chef du gouvernement. Le député national veut voir Sama Lukonde venir éclairer l’opinion publique sur la façon dont les autorités congolaises sont en train de gérer cette question devenue explosive. Car, dans l’opinion, des critiques acerbes qui visent les dirigeants du pays condamnent la léthargie observée face à la cruauté dans l’est.
« Je vous invite à nous éclairer par rapport à la situation sécuritaire à l’est et au centre de la République. Comment évaluez-vous les opérations militaires actuelles à l’est et au centre de la République mais aussi les avancées concrètes pour permettre à ces parties du territoire national de retrouver la paix le plus vite possible », précise l’élu d’Ensemble pour la République.
Pour l’instant, il ne s’agit que d’une question d’actualité mais Gracien Iracan menace de passer à la vitesse supérieure à travers une motion de censure si Sama Lukonde n’arrive pas à convaincre. Il espère que ses collègues de la Chambre basse se rangeront derrière lui pour obtenir ce qu’il faut du Premier ministre.
L’Est du Congo, faut-il le rappeler, demeure en feu et en sang. Mais, pour nombre d’observateurs, les autorités congolaises ne font pas assez pour réimposer l’autorité de l’Etat dans la contrée. D’autre part, il s’observe un silence assourdissant sur les morts et les biens incendiés par des groupes armés.
Que Sama Lukonde soit invité à venir s’expliquer sur la question est une étape. Mais qu’on en arrive là, en est une autre. Car, aujourd’hui, depuis que l’Union sacrée s’est constituée en un bloc compact, il s’observe un certain protectionnisme qui sauve les membres de l’Exécutif. Se réclamant derrière le président de la République, les députés nationaux censés contrôler le gouvernement sont plutôt devenus une caisse de résonance du régime, de sorte que nombreux travaillent pour eux, plutôt que pour le peuple qui les a mandatés. La tâche ne sera ainsi donc pas facile pour l’opposant Gracien Iracan.