Par Gédéon ATIBU
En dépit d’un long conflit ethnique et identitaire et des tensions qui continuent à sévir dans cette région, la frontière RDC- Ouganda, située entre le bassin du Congo et les territoires très densément peuplés du Rwanda , a conservé sa fonction de transit pour le commerce de longue distance connectant ainsi l’est et l’ouest de l’Afrique Centrale. De plus, les postes frontaliers Goma-Gisenyi ont été et sont toujours des endroits de transits quotidiens animés. Des milliers de petits commerçants et de travailleurs journaliers, mais aussi des étudiants, des élèves et des enseignants font des allers-retours entre les deux villes. Différents régimes fiscaux entre les deux pays encouragent la fraude à petite échelle, le chora-chora. Beaucoup de marchandises comme les produits de construction, les denrées alimentaires, vins et liqueurs, ou le matériel électrique, qui transitent par l’Ouganda ou le Rwanda sont meilleur marché en R.D. Congo et sont frauduleusement réexportés vers les deux pays précités.
La population utilise la frontière pour faire face aux différents risques et incertitudes inhérents à leur vie quotidienne dans leurs pays respectifs en s’engageant dans différentes activités transfrontalières. La gamme de ces risques et incertitudes va du crime, notamment l’absence de sécurité au Congo, à l’économie dirigiste dans un contexte du contrôle amplectif au Rwanda.
Dans la nuit de jeudi 19 à vendredi 20 août dernier ,14 tonnes de café auraient traversé frauduleusement nos frontières vers l’Ouganda à partir de Lubero.
Jean-Paul Lumbulumbu , député provincial et Avocat de profession crie à un « manque à gagner » pour la province et le pays et invite l’administration Militaire de l’état de siège à faire des enquêtes et sanctionner les coupables.
Signalons que cette frontière certes problématique, sépare deux pays ayant récemment entrepris des efforts, encore hésitants, en vue d’un rapprochement politique après quinze ans de guerre et d’accusations mutuelles de soutien aux milices et aux groupes armés. En se livrant à une telle activité, la population, essaie d’échapper, au moins temporairement, à l’État, et s’expose parallèlement aux risques et incertitudes liés à « l’autre » État.