Par Michel BUTANGAZI
La catastrophe de la guerre à l’Est de la République Démocratique du Congo se joue en plusieurs faits, certains à face voilée, d’autres ouverts au public, toujours avec le même résultat depuis aujourd’hui deux décennies entières : l’indicible calvaire d’une population à bout de nerfs. Combien de morts ? Combien de femmes violées ? Combien de personnes décapitées à coup de machette ? Combien de réfugiés ? Les médias locaux et internationaux livrent de temps à autres ces décomptes macabres. Qui est la victime ? Qui est le bourreau ? Qui est le tortionnaire ? Qui est le torturé ? Dans une sorte de jeu de rôle écœurant , tout le monde accuse tout le monde.
La main noire de la communauté internationale
Et les grands dirigeants du monde ? lls tracent des lignes vertes et des lignes rouges sur le papier, pendant que des enfants, des femmes et des hommes vivent l’enfer ! Ce tintamarre entre une communauté internationale tranquille dans son coin et une RDC livrée à toutes les atrocités est moralement insoutenable. D’aucuns savent qu’il faut être très….naifs pour convoquer la morale dans la conduite des affaires de ce monde moderne, mais tout de même ! Dans cette guerre à l’Est de la RDC, les limites du tolérable ont été franchies, sauf pour ceux qui estiment qu’il est permis de s’autoanéantir, à condition de ne pas fauter en utilisant des armes nucléaires ou chimiques. Qu’est-ce qui justifie cette « prudence » ou plutôt ce cynisme de la communauté internationale et de certains hauts fonctionnaires de l’armée congolaise, qui persistent dans leur position honteuse de non-assistance à une population en danger de mort ? Si au moins les congolais avaient été laissés à leur triste sort, ils auraient sûrement trouvé les moyens de se laisser de ce suicide collectif. Malheureusement, les ressources de l’Est de la RDC sont au coeur de la géopolitique régionale et internationale. En première ligne pour l’observer, les pays de la région notamment le Rwanda et l’Ouganda sans oublier le Burundi. Ils affichent des intérêts souvent contradictoires, mais occuper l’Est de la RDC par l’un ou l’autre camp leur nuira aux uns ou aux autres. Pour ces pays limitrophes, le champ de bataille à l’Est du Congo est un terrain d’enjeux stratégiques. C’est pourquoi ils s’y livrent une guerre par procuration, soutenant militairement ou financièrement les rebelles (ADF et autres).
A cette guerre chaude se superpose la guerre froide qu’on croyait passée de mode. Là aussi, les intérêts opposés des puissances occidentales et des Etats-Unis en particulier aliment la guerre fratricide ou communautaire tandis que les négociations pour l’arrêter se déroulent entre Américains et Chinois (voire indo-pakistanais) ! Autrement dit, les figurants s’entretuent pendant que les acteurs principaux comptent les points avant d’envisager une « paix armée » !
Mais à l’Est de la RDC, qu’importent les gagnants, c’est une victoire à l’unité de tous les congolais dans leur diversité et au rapport de force avec les pays voisins qui se profilent à l’horizon.