Par Charles Mapinduzi
Une partie du Nord-Kivu est entre les mains du M23. Depuis juin 2022, d’importantes entités dont le stratégique poste frontalier de Bunagana, puis les cités de Rutshuru-centre et Kiwanja sont passées sous leur contrôle. D’autres encore comme Nyamilima ont été conquises. Kibumba qu’ils ont abandonné est occupé par la force sous-régionale. L’armée congolaise, elle, semble mise hors-jeu. Au lieu de combattre, elle est devenue observatrice par respect, dit-elle, au mot d’ordre des présidents sous-régionaux qui appellent à un cessez-le-feu.
Alors que la situation n’arrête d’empirer, des acteurs politiques sont d’ores et déjà concentrés sur des questions électorales. Pourtant, selon le chronogramme publié par la CENI, il reste encore un an pour que le pays aille au vote. Mais, les prises des positions des acteurs politiques inquiètent. La question sécuritaire est de plus en plus reléguée au second plan, chacun travaille sur son élection ou sa réélection.
C’est d’ailleurs cela qu’André Claudel Lubaya considère comme une vraie entorse. Dans un communiqué, il dit ses inquiétudes, interpelle et tire la sonnette d’alarme sur le danger que court la nation. « Ressaisissons-nous! Le pays est amputé d’une importante partie de son territoire« , lance-t-il d’entrée de jeu.
« Le climat politique est pollué par des polémiques à thématiques toxiques, le plus souvent sur fond d’attaques personnelles et d’invectives. Les questions de fond sont ainsi expressément évitées aux fins d’entretenir un flou sur notre responsabilité commune dans l’affaissement de notre pays. Je tiens à nous rappeler que l’agitation autour des élections à venir ne doit pas nous faire oublier les exactions et les souffrances que subissent nos compatriotes de l’est du pays, la crise de Kwamouth et la recrudescence du banditisme dans certains centres urbains« , écrit-il.
Au sujet de ce qui se passe au Nord-Kivu, l’acteur politique se demande légitimement ce que pense Kinshasa au moment où des entités continuent de passer aux mains des rebelles pro-rwandais.
« Chaque jour qui passe, la RDC perd sa souveraineté et son autorité sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ishasha, Kibumba, Rumangabo, Tongo, Kishishe, Bishusha, Bunagana sont parmi ces localités qui échappent totalement au contrôle de Kinshasa. Les autorités congolaises n’y sont pas admises. Il y a donc risque que nos compatriotes sous occupation étrangère ne connaissent ni enrôlement ni élections puisqu’elles échappent à l’administration de Kinshasa. A moins que le gouvernement ait fait le choix d’abdiquer« , ajoute André Claudel Lubaya.
Il faut dire que sur le terrain, au Nord-Kivu, il s’observer un cessez-le-feu. Mais, le M23 profite de la situation pour conquérir de nouveaux espaces en Rutshuru. Nyamilima est l’une des entités récemment passées sous son contrôle.