Par Michel BUTANGAZI
Nous avons tous préféré le corps sur les idées, sur la conscience ! Nous avons préféré sauver notre petite vie biologique menacée par un virus inconnu plutôt que de vivre et de prendre des risques ; d’être dans l’épanouissement d’un être social et culturel. On a préféré le repli à l’audace. « Mieux vaut courir le risque de l’air libre que de vivre dans un sous-terrain », disait Benjamin Constant. On a préféré faire l’inverse. Les autorités nous ont dit « dans cette 3me vague, l’heure est grave !, et juste après, on s’est tous planqués en obéissant aux ordres du gouvernement. Face à cette épidémie, la population avait-elle le choix ?
Oui, on avait le choix ! D’abord de se poser la question et de réfléchir et pas d’obéir immédiatement et de se confiner. Ensuite, lors de la première vague, pas de masque, pas de test, un virus inconnu, une pandémie comme nos générations n’en ont pas connu, il fallait remonter sur la grippe espagnole. On peut comprendre cette espèce d’instinct de survie, de réflexe d’autodéfense. Ensuite, il y a déconfinement. Pouf, la troisième vague intervient et plusieurs mois après, le gouvernement congolais à travers le Président de la République, Félix Tshisekedi vient d’annoncer des mesures draconiennes qui limitent les droits fondamentaux des citoyens. La santé est-elle devenue une valeur suprême au détriment de la liberté ?
Le problème évident de notre époque est qu’on est très attaché à la liberté et il y a des choses qu’on fait passer avant la liberté. Il y a la sécurité. Dans la sécurité, il y a la santé et puis il y a l’égalité. Alors, plutôt tous confinés que certains aient le droit d’aller vaquer à leurs occupations, à leurs plaisirs parce qu’ils sont jeunes et qu’ils n’ont aucun risque. Comment est-ce possible qu’on se décide de fermer les bars et terrasses alors que les églises, les écoles et universités ainsi que les plénières au parlement fonctionnent normalement ? Comme comme si dans les églises et parlement, il n’y aurait pas de risque contrairement aux bars et terrasses. On a préféré une certaine forme d’égalitarisme au nom de la solidarité à la liberté. Et si le président n’a pas annoncé le confinement total toute suite, c’est parce qu’il sait qu’une bonne partie de la population congolaise notamment les jeunes aspirent à la liberté et à l’activité. Quid des effets secondaires de cette liberté face à la menace du coronavirus ?
Il faut vivre avec le virus
Il faut vivre avec des risques ! Vivre avec le virus sous- entend que nous devons aussi éventuellement mourir à cause du virus. Illustration ! Quand on prend la route, on vit avec la voiture et on sait qu’il y a des morts sur la route. Mais on le fait parce que d’abord c’est une nécessité puis on apprécie la liberté. Quand on fait du sport ; on sait qu’il y a des accidents liés au sport. Les montagnards, ils escaladent des montagnes; ils savent que c’est très dangereux mais ils le font parce que c’est quelque chose de plus puissant en eux. Par rapport au coronavirus, c’est comme s’il était interdit de dire qu’il y a plus fort que la santé. « La vie n ‘est rien. Ce qui compte, ce sont les raisons de la vie », Albert Camus. Aujourd’hui, nous avons abandonné nos raisons de vivre : l’idéal, la culture et même la démocratie. On ne peut même plus participer à des meetings politiques au profit simplement de la vie biologique c’est-à-dire de la petite sécurité sanitaire. Erreur philosophique !
Confinement : une vie sans contenu !
Ça serait quoi une vie dans une bulle stérile, loin des microbes et loin de tous les autres, parce que les autres peuvent nous transmettre la maladie ? On vivrait peut-être cent-vingt-ans mais on aurait une vie très triste ! Quelque soit notre choix par rapport au risque sanitaire, la vie finit toujours par la mort. Ce qu’il faut, c’est avoir une vie pleine, une vie épanouie et pouvoir être libre au moment de sa mort et ne pas la subir. Le coronavirus est tout aussi comme toutes les autres maladies.
Le risque zéro n’existe pas, le vaccin est irréversible
Nous sommes aujourd’hui dans un monde qui se suicide sans s’en apercevoir. Face à cette troisième vague de la Covid-19, notre lâcheté collective et notre propension à nous confiner au moindre risque, se révèle être un suicide sans s’en apercevoir. Ce qui d’ailleurs fait tellement des dégâts dans notre vie culturelle et économique. Le vaccin constitue-il un risque calculé ?
Nous devons bannir le risque zéro, c’est-à-dire la peur qui risque de bloquer notre politique vaccinale.
Pourtant, si l’on vaccine, c’est bien parce qu’il n’y a pas de risque zéro, il y a d’un côté le risque énorme d’aller à l’hôpital si l’on attrape le coronavirus, et de l’autre, le risque limité, d’avoir quelques effets secondaires si l’on se fait vacciner. Le vaccin, la vaccination depuis des origines, c’est le risque calculé, mieux vaut un petit risque, des effets secondaires parfois des accidents, un risque statistique minime plutôt qu’un risque plus certain et plus dangereux pour soit, mais aussi pour la collectivité. Décidément, à la sortie de cette épidémie, c’est ce virus là qu’il faudra combattre, le virus du risque zéro, le virus de la trouille.
Entretemps, ça fait maintenant un an qu’on voile nos libertés fondamentales au nom de l’urgence épidémique. Risque démocratique ! Il faut en sortir et à un moment donné faire revenir la démocratie même si on n’a pas éradiqué tout le virus et qu’il y a encore quelques malades dans les hôpitaux. Les politiciens qui nous dirigent doivent avoir le courage de dire au peuple que même s’il y a 12 ou 20 morts par jour de coronavirus, on reprend quand-même la vie normale en rappelant les gestes barrières. C’est là le distinguo des politiciens peureux de l’homme d’Etat !