Par Michel BUTANGAZI
Incroyable mais vrai ! Sous l’ère Tshisekedi, un ancien opposant au pouvoir qui a milité aux côtés de son père, feu Dr. Etienne Tshisekedi, contre la corruption, se retrouve-t-il lui- même aujourd’hui trempé dans ce fléau ?
La République Démocratique du Congo est secouée, actuellement par le plus grand scandale de corruption de son histoire : la « jeepgate », comme le surnomme les internautes et autres analystes de la vie politique du pays. Selon les propos du président de l’Assemblée Nationale, Christophe Mboso Nkodia, le Président de la République, Félix Tshisekedi est accusé d’abuser de son pouvoir de Chef de l’Etat, en violation de toutes les règles de l’art dans la gestion des finances publiques, d’avoir accordé des jeeps luxueuses pimpant neuves aux cinq cents députés nationaux avec l’argent censé améliorer la vie de l’un des peuples les plus pauvres d’Afrique. « C’est grâce à vous. Vous avez matérialisé l’appel du Chef de l’Etat. C’est grâce à ça que tous les députés vont bénéficier de jeep » rassure Christophe Mboso aux députés. Crime d’Etat ! II y aurait-il quelque chose de cynique et même de « fatshiste » dans cette coulée de recettes ?
Corruption à ciel ouvert
La « jeepgate » est le plus grand scandale de corruption que la République Démocratique du Congo ait connue et il aurait coûté l’équivalent plus de 26 millions de dollars à ce pays démuni. L’arnaque consistait à exécuter des versements frauduleux à partir du système de paiement de l’Etat pour des services fantômes et à octroyer des « avantages fantoches » à des députés à titre de récompense par rapport à la création de l’Union Sacrée et au vote d’un certain nombre des lois liberticides en faveur du pouvoir en place, à l’instar de la loi portant organisation et fonctionnement de la Commission Nationale Electorale Indépendante. Le pouvoir de Tshisekedi corrompt-il les mœurs et l’esprit des députés ?
Les députés sont essentiellement des législateurs. Ils sont élus d’abord et avant tout pour participer par leur vote à l’adoption, à la modification ou au rejet des projets de loi que présente le gouvernement à l’Assemblée Nationale. En faisant ce don de jeep, que le président Félix Tshisekedi se montre reconnaissant (et, si ce n’est pas le cas, qu’il le dise officiellement!) envers le législateur qui s’abstiendrait d’exercer son droit-devoir relève d’une attitude indigne et d’une corruption à ciel ouvert. D’où l’appellation « jeepgate ».
Ce qui fâche dans cette « jeepgate » est qu’elle est en voie d’entraîner les analystes y compris certains éditorialistes ordinairement sérieux dans leurs commentaires dans le piège que leur tendent avec empressement le bureau de l’Assemblée nationale et certains députés nationaux proches du président de la République, Félix Tshisekedi. Ce piège consiste à ramener la polémique sur une prétendue facilitation faite en termes de crédit- véhicule. Quelle diversion ? Bon gré malgré, il s’agit d’un grossier mensonge dévoilé par l’Observatoire des dépenses publiques à travers son chargé de communication qui a balayé en bloc toutes cette machination politique qui frise le détournement des deniers publics. C’est faux ! rétorque-t-il arguant que « Dans l’ancien temps, c’étaient des crédits véhicule. Le professeur de l’université de Kinshasa et d’autres universités ont souscrit également à cela. C’est-à-dire que c’est un crédit, où chacun accepte de payer au compte-gouttes. Il reçoit le véhicule et on commence à retrancher une quotité sur son salaire, à chaque mois. Mais ici, il s’agit d’un scandale financier. « Pour le cas échéant, ce ne sont pas des crédits véhicule, selon les informations en notre possession, rappelle Valery Madianga, il s’agit d’un don du Président de la République. C’est cela le vrai problème », poursuit-il. Le président Félix Tshisekedi serait-il impliqué dans ce scandale d’Etat ? Sur quelle ligne budgétaire trouve-il les moyens pour faire un don de jeeps Palisade Hyundai pimpant neuves aux 500 députés que compte l’Assemblée nationale ? Quelle horreur !
L’ODEP charge l’IGF à diligenter un audit
Pour nous, c’est un scandale ! Après ces graves révélations sur les malversations financières, l’Observatoire des dépenses publiques appelle l’Inspection Générale des Finances à enquêter. « Le problème n’est pas au niveau de la passation de marché public. Si c’était le crédit véhicule, c’est l’Assemblée Nationale qui devait lancer l’appel d’offres, sélectionner un fournisseur de véhicule. lci, c’est le gouvernement, selon nos informations. D’abord, cet appel d’offres n’a pas été publié conformément à la loi. Le processus a été opaque. C’est pourquoi nous demandons que l’Inspection générale des Finances, qui a en charge d’auditer les comptes publics, puisse enquêter sur l’origine de ces fonds , qui ont permis d’acheter des véhicules que l’on va octroyer gratuitement aux députés « , renchérit Valéry Madianga, chargé de communication de l’ODEP.
En tout état de cause, l’ancien président Joseph Kabila à l’actuel Félix Tshisekedi, on peut dire sans ambages que la corruption est aujourd’hui plus présente que par le passé. En l’espace de deux ans seulement, nous sommes passés d’un régime qu’on croyait artisan d’une nouvelle ère, d’une nouvelle époque, à celui plutôt habité par des démons éternels de la corruption. Pire, c’est l’amateurisme et les dépassements budgétaires, c’est la manière avec laquelle on gère les finances publiques et les crises politiques qui s’inquiètent le plus. Si on comprend bien, « Tant qu’il y aura de l’argent sur la table, la corruption tournera à plein régime Tshisekedi.
Entretemps, le vœu du peuple congolais rime avec ce qui ressortira sans doute de l’enquête de l’Inspection générale des Finances, si elle est déclenchée, c’est qu’il n’existe aucune preuve faisant état d’un quelconque contrat de crédit véhicule que les députés nationaux se seraient engagés avec le gouvernement ou l’Assemblée nationale si ce n’est la corruption comme moyen de désarticulation de nos institutions pour des fins politiciennes. L’Udps a-t-elle trahit son combat de lutte contre la corruption ? « C’est le sort d’un pouvoir monnayé », répond un observateur.