Par Charles Mapinduzi
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déjà tranché. D’ici le 20 décembre 2023, soit exactement un an, le pays sera profondément engagé sur la voie des élections dont la toute première étape débute d’ailleurs le 24 décembre 2022 avec l’enrôlement des électeurs dans 2 provinces de l’Ouest. A ce stade, les quartiers généraux des partis et regroupements politiques affûtent déjà leurs armes, et surtout les bonnes, afin de remporter les scrutins à venir.
Félix Tshisekedi, président sortant, a déjà exprimé ses intentions de rempiler pour un second mandat. Effectivement qu’il y a pleinement droit. Mais à côté, d’autres ambitieux n’ont pas caché leurs intentions : Jean-Marc Kabund, Augustin Matata Ponyo, Denis Mukwege, Martin Fayulu, Adolphe Muzito, etc., et très récemment Moïse Katumbi. Toutes ces figures sont des poids lourds de la politique congolaise. Félix Tshisekedi le sait pertinemment. Il sait que la bataille sera rude pour lui qui est appelé à défendre le bilan de son quinquennat.
La grande curiosité réside au niveau de l’évolution de la situation. Il y a peu, en fin 2021, le président congolais était fédérateur. Grâce à une Union sacrée compacte qu’il a formée autour de lui, le fils du sphinx était devenu le maître incontesté et incontestable de l’arène politique congolaise : à la suite de la désillusion imposée au FCC, des cadres ont accouru vers Tshisekedi avec qui ils ont formé un bloc qui lui donnait déjà vainqueur lors de prochaines élections.
Cependant, alors que 2023 approche, le dirigeant rdcongolais n’arrête de perdre ses alliés et souvent, pas des moindres. De plus en plus, on voit une guerre fratricide qui n’augure pas un bel avenir pour le pouvoir en place qui attend être reconduit. Déjà, s’il faut commencer par le tout début, tout remonte à l’affaire 100 jours où Vital Kamerhe, l’omniprésent directeur de cabinet du président de la République, lui que nombreux aiment surnommer le faiseur des rois, a été livré à la vendetta populaire. C’est pourtant avec et grâce à lui que la coalition CACH a donné la victoire à Félix Tshisekedi. Même si celui-ci donné l’impression de demeurer au côté du pouvoir, il n’est pour autant faux qu’il n’a pas oublié la honte qu’il a subie lors du très médiatisé procès de 100 jours. Le moment venu, le président de l’UNC pourrait rendre l’ascenseur au régime en rejoignant l’opposition
Il y a eu aussi Kabila. Après avoir coalisés pendant près de 2 ans, le FCC-CACH s’est effondré sur décision unilatérale de Félix Tshisekedi alors que les 2 camps semblaient former un bloc solide : l’armée pu encore la police, l’Assemblée nationale, la Justice, la Commission électorale obéissaient à l’une ou l’autre de ces 2 personnalités. Aujourd’hui, des scissions internes ne peuvent être élaguées, tant certains demeurent toujours fidèles à l’ancien président tout en travaillant avec Tshisekedi
Puis, sont venues d’autres discordes comme celles d’avec Delly Sessanga qui a déjà quitté l’Union sacrée pour absence claire de vision. Ensuite, d’autres personnalités dont Jean-Marc Kabund, ce lieutenant tshisekediste qui était un combattant de la première ligne. Sur le plan sécuritaire, on se souvient de l’humiliation du sécurocrate François Beya qui a été chargé, à tord ou à raison. Et finalement, Moïse Katumbi Chapwe qui vient d’annoncer son départ.
Il s’agit d’une liste qui reprend les alliés de taille de Félix Tshisekedi mais dont ce dernier est petit à petit en train de se débarrasser pour quelques raisons alors qu’approchent les élections. A la faveur d’une hypocrisie entretenue autour de lui, le dirigeant congolais est en train de fermer la porte à ceux qui auraient dû lui apporter des voix. Au contraire, nombreux de ceux qui restent à ses côtés ne peuvent l’aider. Ils profitent de leur rapprochement avec le pouvoir pour soutirer le peu d’avantages dont ils se serviront pour leur propre élection le moment venu.
Pourtant, avec ses ambitions de se représenter, Félix Tshisekedi devrait s’assurer de détenir une base solide pour faire face aux opposants Kabila, Katumbi, Matata Ponyo, Martin Fayulu, Adoph Muzito, Jean-Marc Kabund, etc. qui risquent de devenir une vraie épine sous ses pieds.