Par Charles Mapinduzi
L’Est de la République démocratique du Congo est en feu et en sang depuis près de 8 ans. Les attaques ciblées des rebelles ADF depuis octobre 2014 s’entretiennent en toute tranquillité dans la région de Beni et de l’Ituri. Les FDLR, cette rébellion rwandaise active au Congo depuis le génocide rwandais de 1994 sont aussi responsables de diverses atrocités. Les groupes armés locaux dont des Maï-Maï, Codeco, Chini ya kilima, etc. déstabilisent également plusieurs localités. Pour couronner le tout, le M23, rébellion soutenue par le Rwanda, a refait surface et contrôle certaines entités en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).
Face à la menace, les forces armées de la RDC se sont activées pour imposer la paix. Des commandants se sont succédé à la tête des opérations Sokola 1 et 2; les autorités congolaises ont même lancé des opérations dites de grande envergure mais les résultats escomptés tardent à venir. Sans en arrêter là, Kinshasa a instauré, depuis mai 2021, une mesure exceptionnelle, l’état de siège, puis a fait appel à une intervention de l’armée ougandaise en novembre de la même année. Malheureusement, en dépit de tout, l’ennemi est resté rusé, nocif et imprévisible.
De leur côté, les populations victimes des attaques restent menaçantes à l’égard des autorités. Elles regrettent les minces résultats des opérations militaires et exigent du gouvernement congolais des mesures plus rigoureuses pour sécuriser l’Est. Leur patience devient de plus en plus impatiente compte tenu des horreurs entretenues par l’ennemi.
Alors que la stratégique cité frontalière de Bunagana reste entre les mains des rebelles du M23 et que la décision des dirigeants congolais reste attendue, les FARDC se sont livrées à une séance de prière le samedi 25 juin dernier. Selon des sources entrecoupées, la demande était du chef de l’État lui-même.
Erreur ou stratégie ?
Tous les chemins mènent à Rome, dit-on. Et à Nicolas Machiavel de renchérir : « Tous les moyens sont bons pourvu qu’on atteigne son objectif ». Pour autant que la paix n’a pas de prix, toutes les cartes doivent être mises sur la table dans la recherche de la stabilité de la partie orientale du pays. Encore qu’il s’agit particulièrement ici de Dieu, le Maître des Temps et des Circonstances, le Commandant des armées par excellence si l’on s’en tient à la foi des croyants dans le monde.
Mais attention ! A ce stade, un dicton très important vaut son pesant d’or : « Aide-toi et le ciel t’aidera ». Le Bon Dieu, l’Éternel des armées agit en faveur de celui qui agit. Au regard de faibles résultats de terrain, les forces de défense ne sont pas en droit de tout abandonner pour que le ciel intervienne. Le patriotisme qui caractérise le peuple congolais contre cette insécurité sous-entend que chacun a un rôle à jouer : aux FARDC de combattre l’ennemi, au gouvernement de doter les troupes des moyens adéquats et aux pasteurs de prier pour l’armée, etc. Prendre le rôle de l’un ou de l’autre est déjà une grosse erreur de casting qui risque d’hypothéquer l’avenir de toute la nation.
On en veut pour preuve le peuple hébreux, les Israélites. Il est réputé être le peuple de Dieu. Mais, l’histoire nous apprend que depuis l’aube des temps, cette nation est restée un peuple de grands guerriers. Jusqu’à ces jours, il est militairement bien organisé et pousse très loin ses tactiques dans les armes pour se défendre contre l’ennemi. Prier oui mais penser par la suite à ce qui doit être fait pour sécuriser les populations, c’est mieux. Les Romains l’ont compris déjà depuis des lustres : « Ora et labora » (prie, ensuite travaille). Car, il reste vrai que si la prière ne tenait pas compte de l’attitude des Congolais face à leurs problèmes, ceux-ci ne demeureraient pas autant pauvres alors qu’un nombre impressionnant d’églises pillule au pays.