Par Gédéon ATIBU
« Certains d’entre vous (députés) sont à la base des conflits communautaires par leurs discours » , avait déclaré le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, à des députés qui faisaient le siège de son bureau lors d’une séance plénière.En invitant les députés à quitter les groupes armés, le président de l’assemblée nationale de la RDC faisait allusion aux » discours » des députés du Grand – Kivu qui incitent à la violence contre les minorités ethniques. « Vous avez un pouvoir d’influence. Par vos discours et attitudes, vous pouvez contribuer avec moi à restaurer la paix », avait-il plaidé.
L’est de la RDC est déstabilisé par les activités de plus de 122 groupes armés recensés dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika, selon un groupe d’experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST, en anglais).Les discours des députés et d‘autres autorités politico-religieuses attisent la violence inter-communautaire notamment contre les minorités rwandophones Banyamulenge.
Le discours de haine, première étape du génocide(Gregory Stanton)
Le discours de haine est l’une des premières étapes de la persécution et du génocide. Dans un audio de 16 minutes qui circule depuis le 19 septembre , comme dans beaucoup d’autres, l’ancien Ministre du Développement rural ,Justin Bitakwira nie l’existence des Banyamulenge en tant qu’ethnie de la RDC et exagère considérablement la menace mortelle des Banyamulenge dans des hauts plateaux d’Uvira.
« Je mets en garde tout Mufulero qui ne soutiendra pas la guerre contre les Banyamulenge. Il sera traité comme ennemi et va subir un sort tragique,»a-t-il révélé.
Tout furieux, Justin Bitakwira se déchaîne contre le Mwami Kalingishi qui aurait accueilli une rencontre de réconciliation entre Banyamulenge et Bafuliiru.
Pour lui si les Banyamulenge ne changeaient pas leur appellation des Banyamulenge en Banyarwanda , ils subiraient la colère des Bafuliiru et appelle tous les Bafuliiru de s’élever et mener une guerre sans merci contre cet ennemi aujourd’hui affaibli.
Conclusion
Le discours de haine a longtemps été une étape préparatoire du génocide. Comprendre son évolution aide les décideurs à planifier des mesures préventives pour protéger les personnes menacées de génocide. Cet article a analysé une sélection de discours et de déclarations. Il existe de nombreux autres exemples qui témoignent de la menace mortelle actuelle pour les Banyamulenge. Les progrès de la technologie des médias sociaux, ainsi que les positions influentes des auteurs de ce discours de haine, ont diffusé le discours de haine contre les Banyamulenge à des millions de personnes en RDC.
Lorsque des dirigeants influents de nombreuses provinces de la RDC ont partagé une haine similaire contre une seule municipalité rurale parmi des centaines d’entités décentralisées, les décideurs devraient être appelés à être vigilants. Les Banyamulenge ont été victimes de tels discours de haine depuis l’époque coloniale. Au XXe siècle, des centaines de milliers de Tutsis ont été assassinés lors de massacres génocidaires au Rwanda et au Burundi, ainsi que contre les Banyamulenge en RDC.
Cet article de presse est un appel aux dirigeants congolais, aux hommes d’État internationaux et aux organisations anti-génocide pour qu’ils dénoncent ce discours génocidaire. Des programmes de prévention devraient être mis en place en RDC, en particulier autour de Minembwe, pour contrer de tels discours de haine. Le génocide contre les Banyamulenge doit être évité.