Pourquoi ne pas pré-positionner une dizaine de militaires dans chaque village de l’Ituri et du Nord/Kivu ? Même s’il y avait 1000 villages, cela ne totaliserait que 10.000 éléments. Qu’est-ce que cela représente sur l’ensemble des effectifs des FARDC, si nous voulons mettre fin au massacre quotidien de nos concitoyens ?
Ces militaires pourraient disposer d’un système de communication en circuit fermé qui leur permettrait d’échanger des informations en temps réel et d’alerter en cas de menaces.
Il pourraient même être pris en charge par les villageois eux-mêmes pour leur alimentation.
Nos équipes des renseignements militaires sont-elles suffisamment renforcées en nombre et en logistique ; puisque dans cette guerre asymétrique l’ennemi n’utilise ni canons, ni chars de combats, ni avions de chasse ? Nos stratégies doivent être adaptées.
A combien évalue-t-on le nombre d’individus qui composent les ADF, et même l’ensemble des milices, pour qu’elles soient capables à ce point, et pendant si longtemps, de tenir tête aux FARDC ? Ceux qui ont été capturés n’ont-ils pas livré des informations utiles sur leurs localisations, leurs chefs, leurs mouvements, leur armement, et leur modus operandi ?
A moins que nous commettions une erreur fatale dans l’identification de l’ennemi réel et de ses objectifs. Auquel cas, nos pauvres concitoyens continueront à se faire massacrer inutilement comme des mouches.
C’est l’une des raisons pour lesquelles nous devons nous méfier comme de la peste du soi-disant accompagnement de la MONUSCO.
En effet, à sa base logistique située à Entebe, en Ouganda, la MONUSCO dispose des équipements pour la surveillance satellitaire, de drones, des hélicoptères ainsi que d’autres systèmes d’écoute sophistiqués. Elle voit donc tout, entend tout, et sait tout.
D’autre part, outre qu’elle collabore avec l’Ouganda, où elle a installé sa base logistique, elle collabore également avec le gouvernement rwandais. Il faut se rappeler de ce que tous les véhicules de la MONUSCO étaient assurés au Rwanda.
Les ADF ne peuvent pas tenir et mener toutes ces opérations destinées à traumatiser la population et nos troupes sans bénéficier d’informations stratégiques et sans bases arrières et logistiques performantes que seuls des Etats et leurs services d’intelligence, ou des grandes organisations internationales peuvent mettre à leur disposition.
Enfin, est-il certifié que les ADF sont des milices ougandaises ? Considérant l’efficacité, la cruauté, et le professionnalisme avec lesquels ils opèrent, avec diffusion d’images de leurs exploits macabres, n’avons-nous pas affaire, en réalité, à des commandos des armées ougandaises et rwandaises qui peuvent frapper et être exfiltrés ? Et nous, nous nous satisfaisons de capturer de temps en temps des éléments sans importance ayant pour tout armement des kalachnikovs, rouillées par ailleurs.
Gardons permanent à l’esprit que l’objectif de vider cet espace des populations locales pour en faire un « tutsiland » n’a jamais été abandonné ni par Kagame, ni par Museveni, ni par les Etats–Unis d’Amérique. Ces derniers tiennent à s’approprier les minerais stratégiques de la RDC afin d’empêcher la Chine d’y avoir accès dans leur guerre au leadership économique mondial.
Il s’agit donc, ni plus, ni moins que d’une guerre de basse intensité qui est faite à la RDC. Nos ennemis prennent le temps pour arriver à leurs fins. Il ne fait aucun doute qu’ils atteindront leur objectif final plutôt qu’on ne le pense tant que le leadership congolais continuera de faire montre d’un manque de rigueur, d’une faiblesse politique, d’une distraction, et d’une naïveté aussi déconcertants ; tant qu’il continuera à considérer Paul Kagame et Mike Hammer comme ses amis. Eux au moins savent ce qu’ils veulent et comment l’obtenir. Ils avancent seulement méthodiquement.
Tous les Congolais ont vu le Chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, s’agenouiller pratiquement devant Paul Kagame. Est-ce pour le café ou le thé rwandais ? Certainement pas. Mais c’est parce que Kigali va contrôler l’Est de la RDC et qu’il y a urgence à garantir l’approvisionnement des industries françaises en minerais stratégiques de ne notre pays. Mais, nous ne nous sommes préoccupés que de ses propos négationnistes sur ses crimes dans le Kivu.
Députés, Sénateurs, Ministres, partis politiques, ONGs, organisations religieuses, ressaisissez-vous ! Vous êtes distraits dans des futilités ; alors que notre mère-patrie est en danger.
Kinshasa, le 10 juin 2021
Corneille MULUMBA
Membre co-fondateur de l’UDPS.