Par Charles Mapinduzi
L’ancienne mouvance au pouvoir et les Églises catholique et protestante émettent désormais sur une même longueur d’ondes. Pourtant, il y a quelques années, au soir du régime Kabila, le pouvoir en place était très hostile aux pasteurs d’églises qui ne juraient que par une alternance pacifique au sommet de l’Etat.
Près de 5 ans après, bien qu’encore dans leurs comportements et attitudes respectifs, les 2 camps sont en train de passer de l’adversité au rapprochement. Tout comme entre 2015 et 2018, la CENCO et l’ECC étaient en première ligne pour exiger des élections crédibles, apaisées inclusives et transparentes, elles le sont encore aujourd’hui, cette fois contre Félix Tshisekedi, ancien opposant passé au pouvoir en janvier 2019. Dans cette lutte, les Églises sont finalement rejointes par l’ancienne majorité présidentielle passée à l’opposition.
Jusqu’ici, la position du Front commun pour le Congo (FCC) dont le PPRD, famille politique de l’ancien président en tête, est non équivoque : il n’est pas question de s’engager dans un processus électoral dont les prémices sont biaisées. Pour cette plateforme de l’opposition, tout est en train d’être balisé pour que Félix Tshisekedi s’offre un second mandat en violation des règles du jeu.
Le FCC exige ainsi une CENI et une Cour constitutionnelle consensuelles, une loi électorale revisitée, etc. Mais, à ce sujet, le régime de Kinshasa est resté intraitable. Ce qui a poussé l’ancienne majorité présidentielle à boycotter le processus d’enrôlement et d’identification des électeurs toujours en cours.
De leur côté, les Églises catholique et protestante qui s’étaient érigées en murailles contre l’élection de Denis Kadima à la tête de la CENI considèrent toujours que l’équipe qui dirige la commission électorale est un piège tendu par le régime pour embarquer les composantes dans un processus qui pourrait aboutir à un hold-up électoral. Par conséquent, tout comme le FCC, elles se disent non partantes.
« Les Églises catholique et protestante n’accompagneront pas un processus électoral biaisé », a tranché Éric Senga, porte-parole de l’ECC.
Mais, il y a pas que Kabila et les Églises qui préviennent au sujet du processus électoral en cours. L’opposition entière est dressée contre le format qui est en train de conduire aux prochaines élections. Martin Fayulu, opposant radical contre le régime est resté debout contre Tshisekedi qu’il considère comme « le voleur » de sa victoire à la présidentielle de décembre 2018. A ce sujet, le président de l’ECIDE n’est pas prêt à accorder un nouveau chèque en blanc au chef de l’Etat congolais.
Très vite, le candidat malheureux a été rejoint par Matata Ponyo, ancien premier ministre ou encore par Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, y compris d’autres figures importantes de l’opposition. Tous attendent voir le régime de Kinshasa s’amander en réorganisant le processus électoral en cours de façon à le rendre crédible aux yeux de tous.
Par ailleurs, il y a Moise Katumbi. Empêché de se présenter à la présidentielle de 2018, l’ancien gouverneur du Katanga qui a récemment rejoint l’opposition rêve d’être président. Pour lui, c’est aujourd’hui ou jamais. Par conséquent, il promet d’être trop regardant pour que la CENI et la Cour constitutionnelle ne manigancent pas en faveur du président sortant.
S’il faut donc associer à cette démarche les animateurs des mouvements pro-démocratie dont la LUCHA et Filimbi, tout présage qu’une terrible tempête approche. Avant la tenue de la présidentielle de décembre prochain, le régime Tshisekedi devrait donc se préparer à affronter toutes ces forces acquises au changement. Mais, en un mot comme en mille, la tâche ne sera pas facile pour Félix Tshisekedi dont le bilan est aujourd’hui critiqué sur les plans sécuritaire et économique.