Par Michel BUTANGAZI
Un secret de polichinelle ! Dans la RDC de Tshisekedi, la liste des potentiels candidats à la présidentielle de 2023 inquiétés, éliminés ou discriminés s’allonge.
Depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir en janvier 2019, il faut un courage certain pour oser exprimer son désaccord publiquement avec cet ancien opposant qui émet officiellement ses ambitions pour la présidentielle de 2023.
Alors que la création de l’Union sacrée de la nation qui a redonné un espoir au peuple après la chute du FCC de l’ancien président Joseph Kabila, la situation politique, elle, ne cesse de se dégrader depuis aujourd’hui une année. Certains analystes estiment que les restrictions imposées à la liberté d’expression, d’association et de réunion se sont encore aggravées depuis que la pandémie de coronavirus a été déclarée en RDC. Cette répression contre les potentiels candidats présidents de la République se traduit par le harcèlement judiciaire, les emprisonnements arbitraires et la loi discriminatoire, voire le discrédit des personnalités par des parlementaires debout du parti présidentiel (recrutés et payés pour le besoin de la cause). Dans la plupart des cas, les enquêtes de la justice aujourd’hui tribalisée ne permettent pas de désigner les réels commanditaires des détournements décriés. Petit retour en arrière.
Les potentieis candidats emprisonnés et/ou en voie d’emprisonnement !

Un ancien Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et potentiel candidat à la présidentielle de 2023 selon les conclusions des accords de Nairobi entre l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) créant ainsi la plateforme Cap pour le Changement (CACH) qui a porté Tshisekedi comme Ticket gagnant des dernières élections de 2018; a été arrêté et condamné d’abord à 20 ans de prison par le Tribunal de Grande Instance avant de voir sa peine être confirmée à 13 ans de travaux forcés par la Cour d’Appel de Gombe.
Le faiseur des rois comme on le surnomme (directeur de campagne de Joseph Kabila en 2006 et de Félix Tshisekedi en 2018), qui comptait défier Félix Tshisekedi lors de l’élection présidentielle de 2023, a vu son rêve s’envoler pas en raison d’une condamnation pénale que ses partisants estiment orchestrée par l’homme fort de l’OUA. « Ce verdict, c’est un télégramme du régime actuel qui ne jure que sur l’exclusion de notre leader à la présidentielle de 2023 », avait dénoncé un haut cadre de l’Union pour la Nation Congolaise, parti politique de Vital Kamerhe.

Champion de la théorie des cadres macroéconomiques et le chouchou des institutions de Bretton Woods, l’ancien premier ministre Matata Ponyo s’est engagé dans une voie de bonne gouvernance et de leadership politique, ce qui lui fait paraitre comme un donneur de leçon à un pouvoir de Félix Tshisekedi plongé dans une mégestion indescriptible, une corruption à ciel ouvert (ndl don des jeeps aux 500 députés nationaux) et dépassements budgétaires.
Pourchassé par la justice d’abord dans les détournements présumés des fonds alloués au projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo, il a été rattrapé par une sale affaire d’indemnisation des victimes de la Zairianisation. Malgré qu’en pleine plénière électorale du Sénat, au bout d’un vote à suspense, 49 contre 46 sénateurs avaient voté contre la levée des immunités de leur collègue Matata Ponyo, réfusant ainsi de le livrer à la justice ; la machine juridique du régime Tshisekedi avait un plan B consistant à solliciter cette levée d’immunité au Bureau du Sénat composé de 7 membres étant donné que les sénateurs sont en vacances parlementaires. Quel génie ? A travers une correspondance adressée au Procureur près la Cour Constitutionnelle, le Bureau du Sénat dirigé par Bahati Lukwebo s’est décidé finalement de livrer Matata Ponyo pour qu’il réponde de ces accusations devant les juges (accusés d’ailleurs de rouler pour Tshisekedi). A l’heure actuelle, nombreux politiciens ambitieux pour la présidentielle de 2023 ont choisi de rectifier leur garde, par crainte de poursuites judiciaires. « C’est le Dictateur qui gouverne. Tshisekedi est un Dictateur pire que son précédesseur et nous sommes revenus au point de départ, comme si la chute du FCC et la venue de l’Union Sacrée de la Nation n’avaient jamais eu lieu », déclarait un proche de Matata, à l’occasion de cette levée d’immunité parlementaire par le Bureau du Sénat.
Connaissant la célérité avec laquelle les dossiers judiciaires des potentiels candidats présidents de la République sont traités par la Justice, il y a lieu de s’attendre à une fixation de cette affaire où l’ancien premier se présentera devant ses juges naturels. La voie de la prison est-elle grandement ouverte pour Matata Ponyo ? Les faits l’attestent-ils ?

Un richissime, ancien Gouverneur de la province du Katanga pendant 8 ans, d’abord allié incontournable puis devenu opposant redoutable de l’ancien président Joseph Kabila, fait aujourd’hui l’objet des stratagèmes politiques pour l’écarter de la présidentielle de 2023. Accusé de détenir deux nationalités (italienne et congolaise), Moïse Katumbi est dans le viseur du président Tshisekedi, qui se méfie de ses ambitions politiques et de son influence sur le monde des affaires et d’assistance sociale. De la rumeur à la réalité, la loi Tshiani sur la congolité s’amène désormais à l’Assemblée Nationale par le Député National Nsingi Pululu qui dit avoir recueilli 215 signatures dont celles d’une quarantaine de députés du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.
Une loi stipulant que les hautes fonctions de l’Etat notamment, la Présidence de la République ne peut être réservée qu’aux seuls congolais de père et de mère congolais. Une stratégie visant à éliminer Moïse Katumbi dont le père n’est pas congolais. Il est le troisième potentiel candidat à la présidentielle de 2023 sur qui Félix Tshisekedi tire des boulets rouges. Moïse Katumbi réagira-t-il à cette provocation ? Quelle sera la position de l’église catholique pour éviter que cette loi discriminatoire ne livre le pays à un chaos incalculable ? Expérience douloureuse d’une candidature unique à la présidentielle de 2023 ? D’ailleurs, se confiant aux journalistes de Jeune Afrique, le président Félix Tshisekedi n’a pas caché ses ambitions pour un deuxième mandat, qui, selon lui, permettra de matérialiser sa vision de peuple d’abord. Félix Tshisekedi, maintenant 58 ans confirme sans detour ses ambitions pour 2023 : « J’ai le droit de faire deux mandats, pourquoi m’arrêterais-je en chemin ? » Chimère ! Toute la réponse est bien là pour ceux qui cherchaient à comprendre à quoi va ressembler l’élection présidentielle de 2023. Félix Tshisekedi sera-t-il le candidat unique en 2023 ? A chacun sa version des faits.