Par Gédéon ATIBU
De passage en Belgique peu après la prise de sa fonction en tant que Président de la République, Félix Tshisekedi avait eu ces mots, en s’adressant à la communauté congolaise venue l’entendre : « Ne faites pas de moi un dictateur ». Sans doute il s’était déjà aperçu, très tôt, que l’on pouvait devenir dictateur sans l’avoir projeté. La politique est un monde qui transforme facilement les anges en démons ; on y entre OK et on en sort KO.
L’agent principal de cette fermentation c’est l’entourage du roi. Les amis d’enfance, les compagnons de la révolution, la famille, qui passent de l’obscurité à la lumière dans le sillage du nouveau prince feront toujours le possible et l’impossible pour conserver la jouissance. Les Mouvanciers de Mobutu et le FCC de Kabila ne sont pas plus démons que nous ; ils ont seulement eu le privilège et le malheur de goûter au fruit défendu. La seule parade pour les conseillers du roi contre l’ivresse du pouvoir-jouissance c’est la compétence, le savoir-faire, le service, à même de forcer la reconnaissance et le respect des gouvernés. Sans ces valeurs supérieures, la tentation est aussi insupportable que celle d’un chien affamé devant un os.
Félix Tshisekedi est assurément sincère quand il dit « ne faites pas de moi un dictateur ». La sincérité, cependant, si elle est une condition nécessaire, demeure insuffisante, car tout ne dépend pas que de nous. Il faut savoir que des systèmes, des « ismes », naissent toujours autour des messagers et tendent à supplanter ceux-ci, très souvent au détriment de la vision initiale. Que pouvait par exemple Mobutu face aux mobutistme à la fin de son règne et même pendant ? Pas grand chose. Il pouvait tuer des mobutistes, mais pas le mobutisme lui-même, devenu plus fort que son fondateur. C’est là le propre des égrégores. De même, qu’on en soit conscient ou pas, le tshisekedisme est en voie de création. Malheureusement, le tshisekedisme aujourd’hui c’est le ministre de l’Intérieur qui soutient dans le Kongo-Central, contre la population et contre l’avis de la Cour Constitutionnelle, un gouverneur Atou Matubuana impliqué dans des scandales. Le tshisekedisme c’est le Directeur du cabinet impliqué depuis trop longtemps dans des détournements « au nom du Président » et qu’on a laissé faire plus qu’il ne fallait. Le tshisekedisme c’est le ministre de la santé qui gère dans l’opacité totale la crise de la Covid-19. Le tshisekedisme c’est le gouverneur de Kinshasa qui détruit les étals au marché, un vandalisme qui ne dit pas son nom, et que personne n’inquiète, au nom de la coalition FCC-CACH. On cherchera en vain le ministre dont le peuple dira « voilà un bon ambassadeur du tshisekedisme ». Si le Tshisekedisme positif se réduit au seul Fatshi et l’État de droit, la messe est entendue ; ce sera Saint Pierre pour Saint Paul.
Déboulonner la dictature ?
On ne demande pas mieux, mais nous en donnons-nous les moyens ? La dictature est un système, et on ne chasse un système que par un autre système. Ibenge Coachez a eu maille à partir avec le peuple footballistique congolais parce, tout bon entraineur qu’il était, il s’est entêté à aligner un Mbokani diminué sur le terrain au détriment d’un Bakambu Goal étincelant. C’est une vérité de Lapalisse que Fatshi est entouré de noceurs. Déclarer qu’on ne veut pas devenir dictateur tout en nourrissant un environnement « dictaturogène » est contradictoire.
Doit-on croire la parole ou les actions ?
Dans certains domaines, les états d’âme sont rien moins qu’un suicide. Les 5 ans de son mandat sont déjà consommés aux trois tiers. Désolé pour les nouveaux riches, mais Papa a dit : « Le peuple d’abord ». Monsieur le Président, coachez svp, match elingi esila.