Par IWEBRDC
Après son « oral » devant le Bureau du Sénat, sous la présidence de Modeste Bahati Lukwebo, dans la salle des Banques du Palais du Peuple, suite au Réquisitoire du Procureur général près la Cour de Cassation en rapport avec le dossier des « Biens zairianisés », le sénateur Augustin Matata Ponyo a été recalé. En clair, il a perdu ses immunités et devrait se présenter devant la justice, comme monsieur tout le monde.
Il s’agit là d’un tournant important dans la vie de la chambre haute du Parlement, sérieusement prise à partie par une large frange de l’opinion tant interne qu’externe, après la décision de la plénière ayant fait barrage, il y a trois semaines, contre la requête du même Procureur général près la Cour de Cassation sollicitant la levée de ses immunités dans le dossier de Bukanga-Lonzo.
Augustin Matata Ponyo a retrouvé donc hier son statut du commun de justiciable, appelé à présenter ses moyens de défense dans le dossier des « Biens zairianisés », dans lequel il est soupçonné d’avoir fait main basse sur plusieurs millions de dollars américains décaissés par le Trésor public pour indemniser les victimes de la spoliation de leurs biens et avoirs sous la République du Zaïre de Mobutu, en 1973.
Au stade actuel du dossier, il y a lieu de relever que l’ancien Premier ministre (2012-2016) sous le second mandat de Joseph Kabila, est présumé innocent. Mais le Congolais moyen se réjouit de le voir délesté des ses immunités, susceptibles de gêner non seulement l’instruction pré-juridictionnelle mais aussi l’ouverture éventuelle d’un procès.
L’acte posé par le Bureau du Sénat pourrait avoir comme autres conséquences, l’ouverture de plusieurs dossiers judiciaires à charge de Matata Ponyo, restés en souffrance à cause de sa carapace d’ « intouchable ». Les dossiers qui reviennent le plus à l’esprit sont ceux du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, de l’achat des locomotives surfacturées pour la SNCC (Société Nationale des Chemins de fer du Congo), des bateaux de l’ex-Onatra (aujourd’hui SCTP), des avions de Congo Airways, sans oublier ceux de l’Aérogare de l’aéroport international de N’Djili, des stades municipaux réputés « éléphants blancs », des la bancarisation ( le personnel de la Primature, de la Présidence de la République, de la Banque Central du Kongo n’était pas bancarisé), de l’Immeuble Intelligent, des Cartes Visa, etc.
Ce que les observateurs déplorent dans l’attitude de Matata, c’est la diversion dans les médias et réseaux sociaux, faisant croire qu’il était disposé à coopérer avec la justice tout en multipliant des initiatives allant dans le sens de la recherche d’un certificat d’intégrité morale en dehors des prétoires. Si l’ancien chef du gouvernement ne se reproche réellement rien, il devrait aider la justice à rechercher et sanctionner les vrais coupables des dossiers de pillages des finances publiques ayant fait perdre des millions de dollars américains au Trésor public congolais.
Bien qu’il ne soit pas encore condamné dans les différents dossiers à sa charge, sa fuite systématique en avant, avant le coup d’arrêt du Bureau du Sénat, est de nature à pousser plus d’un compatriote à mettre en doute son innocence.