Par Charles Mapinduzi
La tâche ne sera pas facile pour le président congolais qui a, aujourd’hui plus que jamais, besoin d’un appui de quelle que nature que ce soit pour imposer l’autorité de l’Etat dans l’est du pays.
Malheureusement, il y a quelques jours, des sources diplomatiques et sécuritaires ont indiqué que le Kenya avait décidé de retirer ses troupes qui étaient pourtant en plein déploiement au Nord-Kivu, même si jusqu’à ces jours, les raisons de ce désengagement ne sont toujours pas encore portées au grand public.
On se souvient qu’à New-York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies, sur RFI et France 24, Félix Tshisekedi a promis que les troupes kényanes entreraient par Bunagana, cette cité frontalière du Nord-Kivu conquise par le M23 depuis plus de 4 mois. Par son explication, le chef de l’Etat congolais espérait que ce mouvement armé sera défait grâce à l’appui du Kenya déployé sous les couleurs de l’EAC.
Le désengagement du Kenya et le retrait de ses troupes du sol congolais ne peuvent être qu’un vrai dilemme pour Félix Tshisekedi. D’ailleurs, de la même manière que la Tanzanie ne semble pas prête à envoyer ses hommes, cette force sous-régionale risque de perdre quasiment sa raison d’être si Nairobi persistait dans sa volonté de ne plus aider le Congo.
Toutefois, en attendant la décision finale, Kinshasa tente le tout pour le tout afin de persuader William Ruto à s’engager au côté de la République démocratique du Congo. Selon une information obtenue par Jeune Afrique, “Félix Tshisekedi a récemment dépêché à Nairobi son mandataire spécial Serge Tshibangu. Ce dernier a rencontré en 2 reprises William Ruto avant d’échanger avec Uhuru Kenyatta. Le président Tshisekedi tient à la présence des troupes kenyanes”, indique-t-il.
Mais la RDC devra déployer des efforts nécessaires pour convaincre le nouveau président kenyan. Déjà avant même son élection, William Ruto tenait des discours désobligeants à l’égard du Congo. En même temps, il est jugé proche des présidents rwandais et ougandais accusés de tirer profit de la déstabilisation de l’est.
Par ailleurs, au cours de la récente campagne électorale kenyane, Félix Tshisekedi a montré sa préférence à Uhuru Kenyatta et son dauphin Railla Odinga, plutôt qu’à William Ruto qui a malheureusement remporté la présidentielle. Alors que la Haut Cour du Kenya se préparait à confirmer les résultats et que nombreux chefs d’Etat africains félicitaient déjà le vainqueur, Kinshasa était resté silencieux. Donc, tous ces facteurs pourraient bien éventuellement gâcher la fête entre les 2 pays.