Par Gédéon ATIBU
Il n’y a pas que l’opposition, les mouvements citoyens, les églises catholique et protestante qui s’inquiètent du manque de consensus autour du processus électoral. L’Union sacrée elle-même, la grande coalition initiée par Félix Tshisekedi, connaît des dissensions, notamment autour de la question de désignation des membres de la Céni. Plusieurs partis ou regroupements ont déjà dit qu’ils avaient refusé de déposer le nom de leurs candidats-délégués.
«Ce qu’il faut savoir ce que les congolais sont de très bons soumis mais ce sont aussi de mauvais soumis. Cela veut dire que les congolais sont soumis à une réalité dont ils ne voient pas l’issue, sombrent parfois dans une espèce de fatalité mais à partir du moment où ils prennent conscience d’un droit ou d’une évidence, il est très compliqué , quasiment impossible de vaincre leur volonté. A partir du moment où cette occurrence est actée par la population; vous comprenez mieux la tension, qui pourrait considérée comme prématurée parce que nous ne sommes qu’en 2021 , qui s’exerce à travers les opinions contradictoires dans la perspective de cette élection de 2023. Ce sera la première élection où les uns et les autres se présenteront face au peuple congolais et aucun n’aura la certitude soit de rester soit de prendre», a-t-il expliqué au micro de TOP 15. Restant tout aussi fidèle à sa mémoire, le président de la plate-forme le « Centre » justifie cette situation devant laquelle se trouvent les camps engagés dans le processus de désignation du Bureau de la CENI par le fait de la « transparence » qui doit à tout prix être au rendez-vous en 2023.
« Les élections de 2006, 2011, nous savions tous qu’il y avait un régime installé et les gens y allaient avec une espèce de fatalité en disant : Allons-y mais très peu de chances pour que le président en place perde parce que nous n’avions jamais vu un président perdre une élection, parce que nous n’avions jamais vu un président céder son fauteuil par le fait de l’expression des suffrages populaires et nous avons vu cela cette fois. Ces tensions trouvent leur origine de l’occurence qu’il y a pour les uns et les autres l’envie de pouvoir soit perdre soit gagner. Dorénavant tout est possible. D’où ces tensions-là. Maintenant en pratique cela entraîne de la part des uns et des autres une méfiance mutuelle exacerbée par une rhétorique belliciste qui met le pays sous tension…. La CÉNI est l’organe qui devra consacrer le nouveau paradigme. Le paradigme de 2018 était l’alternance à tout prix. Ça se voit déjà en 2023 ,ça sera transparence à tout prix. D’où ces frictions, ces aspérités que nous observons entre différents camps », analyse t-il de façon tout à fait désincarnée.
Droit dans ses bottes et comme il sait souvent si bien le faire , Germain Kambinga, face à cette évidence , envisage la possibilité de tenter un atterrissage en douceur. La solution magique pour le Centre serait d’«avoir une structure qui permette d’organiser des élections et qui donne au futur locataire du palais de la nation toute la légitimité qui lui permettrait d’appliquer un programme et non pas à l’aube de son pouvoir d’être dans l’obligation de composer, de recomposer et de perdre du temps au lieu de travailler effectivement la mise en oeuvre de son programme d’actions. Fondamentalement l’occurence de l’alternance est telle que les gens sont prêts à tout. Maintenant cette vérité se transpose au niveau des confessions religieuses qui elles-mêmes sont finalement engagées dans ce même processus de ce petit jeu de ce terme de forces centrifuge centripète tout dépend que l’on soit soit du pouvoir ou aspirant à le devenir. »
Et si la méfiance est à ce point importante qu’il n’est pas possible de concilier les points de vue au regard de cette loi. Germain Kambinga propose la révision de la loi sur la CÉNI ou carrément un dialogue pour un consensus afin d’aller aux élections de 2023 dans un climat apaisé.
« Pourquoi seulement ne pas se mettre à l’évidence et refaire cette loi. Ça peut se faire rapidement et nous aurons avant la fin de cette année un bureau de la CÉNI qui garantirait aux uns et aux autres la plus grande transparence du processus électoral. Notre proposition c’est de faire en sorte que l’exécutif du bureau de la CÉNI soit plus collégial en réduisant le pouvoir exclusif du président ce qui permettrait au président quel qu’il soit qui pourrait même être élu par ses pairs un peu sur le modèle de la Cour Constitutionnelle… Ainsi le président n’aurait que le pouvoir de coordination mais pas d’imposition et les décisions seraient structurées de façon plus collégiale», a ajouté cet ancien porte-parole du Mouvement de Libération du Congo dont la voix était tellement audible 2004-2006 qu’aujourd’hui
L’autre solution serait de garder la loi et atterrir sur un dialogue qui « n’est pas forcément une autre mauvaise idée non plus étant donné qu’il n’y aucune réussite congolaise qui ne s’est pas faite autour d’un dialogue», a-t-il insisté.
Des réponses chirurgicales d’un Kambinga qui ne souffre pas de langue de bois. Regardez l’exclusivité de l’émission en cliquant sur ce lien vidéo.