Le continent africain s’est de nouveau réveillé sous une incertitude liée à la situation à Libreville où des militaires ont décidé de s’emparer du pouvoir au Gabon. Pourtant, la nuit allant à ce mercredi 30 août, la Commission électorale nationale indépendante venait de proclamer Ali Bongo vainqueur des élections jusqu’à plus de 60% de voix, loin devant son concurrent de l’opposition.
Ce qui aurait permis au clan Bongo de régner sur le Gabon pendant près de 60 ans. Toutefois, l’on sait comment le dirigeant gabonais a manœuvré pour s’éterniser au pouvoir. Lors de dernières élections, une fraude massive avait été signalée dans le pays de sorte qu’Ali Bongo avait été proclamé au détriment de Jean-Ping qui s’était pourtant révélé vainqueur du scrutin.
Pour cette fois, alors que la commission électorale a tenté de tripatouiller de de nouveau les résultats, les militaires ont décidé de s’emparer de l’Imperium en annulant les élections considérées comme “un simulacre” puis en dissolvant les institutions de la République. Ce coup d’Etat vient s’ajouter aux autres de ces dernières années avec Assimi Goita au Mali, Mamadi Doumbouya en Guinée, Ibrahim Traoré au Burkina ou encore à la situation toujours en cours au Nigeria avec le général Tchani.
Mais, quelle leçon Afrique ? Pour la République démocratique du Congo qui s’apprête à aller aux élections dans un contexte démocratique très décrié ? Le régime de Kinshasa, y compris nombreux autres d’Afrique doivent tirer des leçons au regard de ce vent nouveau qui souffle sur le continent.
Peu à peu, les choses sont en train d’être différentes et le peuple attend prendre son destin en main. D’une part, les populations africaines sont lassées par la gouvernance illimitée des dirigeants qui ne veulent pas quitter le pouvoir et qui se prennent pour des chefs coutumiers ou des rois au sein des nations pourtant démocratiques
D’autre part, elles ne digèrent plus que leur choix dans les urnes soient marchandés pour des raisons politiques. En RDC, si le régime Kabila est accusé d’avoir volé la victoire de Martin Fayulu en 2018, il n’est pas exclu que les choses deviennent incontrôlables si les élections ne respectent pas la volonté du peuple en décembre 2023.
Jusqu’ici, l’opposition accuse le pouvoir de Tshisekedi d’avoir mis la CENI dans sa poche pour s’offrir gracieusement un second mandat à la fin de l’année. Évidemment qu’il n’est pas exclu que Tshisekedi l’emporte dans les normes au regard de la politique d’encerclement qu’il a mise en place. Cependant, le décor tel que planté ne rassure pas. C’est d’ailleurs celle-là l’inquiétude de l’Eglise catholique
“Si la CENI ne comprend pas la pertinence de notre insistance pour renforcer la confiance au sein de la population, je crains qu’elle fasse le lit un environnement fertile pour une révolution qui n’attendra qu’un leader courageux”, a dit Donatien Nsole.
Pour éviter le chaos et pour prévenir les situations imprévisibles qui se vivent dans les pays d’Afrique de l’Ouest, Félix Tshisekedi et la CENI ont tout intérêt à organiser des élections crédibles et à asseoir un climat qui rassure toutes les parties prenantes aux scrutins. La République démocratique du Congo qui revient de très loin n’a pas besoin de revenir à la case de départ où des militaires s’emparent du pouvoir alors que la démocratie s’installe lentement mais sûrement.
Par Charles Mapinduzi