Par Gédéon ATIBU
Le clip de la chanson ” Nini Tosali te” du Groupe MPR a créé une polémique autour de la responsabilité des dirigeants congolais depuis 60 à nos jours. Il a vite été interdit de diffusion par les médias par la commission de censure. Mais que représente une interdiction de diffusion à l’heure d’Internet ?
Contacté par la rédaction IWEBRDC , le groupe MPR évoque «l’exceptionnelle visibilité» donnée au clip par la polémique, et se félicite qu’Internet veille à l’avenir «à la survie de ce document», posant ainsi la question de la censure à l’heure du Web communautaire.
Interrogé sur ce sujet, Antoine Kulama, avocat spécialiste de la propriété intellectuelle et du droit de l’édition en France, estime qu’il est impossible de réellement censurer un contenu depuis le développement d’Internet.
Le principe fondamental qui existe dans les sociétés démocratiques est qu’on ne peut restreindre la liberté d’expression qu’à partir de règles générales: une menace à l’ordre public ou l’atteinte au droit des personnes. Ce contrôle se fait nécessairement a posteriori, c’est-à-dire qu’il y a répression après un fait éventuellement délictueux, mais pas en amont. La légitimité de la commission de censure pour intervenir a priori sur la diffusion peut être questionnée.
“Dans tous les cas, sa mission est de définir ce qui est violent ou pas. Personne, à part le juge, ne peut être amené à se prononcer sur la qualité d’une œuvre, sa valeur. On peut interdire la diffusion dans le cas d’une incitation à la haine ou d’une injure à raison de l’appartenance à un groupe”, fait-il remarquer.
Il n’existe donc aucun moyen de maintenir un ordre public sur Internet?
L’interdiction pure et simple ne peut fonctionner que dans un État totalitaire. Il faut un policier derrière chaque citoyen, comme par exemple en Chine. Mais même là, l’État ne parvient pas à tout bloquer. Il reste toujours un serveur disponible sur tel ou tel paradis de l’Internet.
” Si on réagit uniquement par des règles de force, on ne peut pas y arriver. En matière d’ordre public, le principe est que l’on doit intervenir à la marge. La régulation doit intervenir autrement. Il n’y a pas que la loi, il y a aussi la liberté d’un éditeur à ne pas diffuser. Les moyens d’autorité resteront marginaux face à la subversion d’Internet. On peut toujours essayer de bloquer, il y a une régénération à l’infini”, conclut-il.