Par Charles Mapinduzi
Les balles sifflent à quelques kilomètres de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Si pour le moment, la ville retient son souffle, rien n’est à prédire pour l’avenir. Rassurée, l’armée congolaise ne cesse de promettre une correction punitive aux assaillants M23. De son côté, le général Jeff Nyagah, commandant de la force sous-régionale de l’EAC, a promis que ses troupes feront de leur mieux pour protéger la ville et son aéroport. Il garantit que Goma ne tombera pas pour cette fois.
Cependant, c’est à seulement une vingtaine de kilomètres que le terrain des affrontements s’est installé. Le M23 a beau attaquer, les FARDC ont résisté et les ont repoussé dans plusieurs agglomérations dont Kibumba et Tongo, un peu plus au nord. Mais, il y a quelques mois, ce mouvement armé né on ne sait pas encore comment, était sans hommes et non équipé, à en croire des informations glanées ça et là. Puis, vint la cité frontalière de Bunagana tombée entre les mains ennemies après quelques jours des combats. Et, c’est ici où se sont joués tous les enjeux.
Après la prise de Bunagana par les rebelles, Kinshasa a été complaisant malgré les alertes. Quatre mois durant, au lieu de battre le fer quand il était encore chaud, le gouvernement congolais a laissé faire les rebelles comme s’ils étaient déjà sur un terrain conquis. Un temps qui a largement permis à l’ennemi de se repositionner, de se reconstituer, de recruter et de bénéficier de plus d’appuis de ses parrains alors que Kinshasa dormait profondément.
Pourtant, l’armée n’aurait pas dû permettre cela. Au lendemain de la prise de Bunagana, une cité douanière avec tout ce que cela implique sur le plan économique, les dirigeants congolais devraient prendre le taureau par la corne : planifier des opérations de grande envergure pour reconquérir l’entité et repousser le M23 en dehors du territoire national. Quatre mois après, au regard de l’inaction de Kinshasa, les rebelles ont sans doute réalisé qu’ils pouvaient aller plus loin. Ils y ont mis des moyens, ils y ont mis tout leur esprit, de sorte que la prise de Kiwanja et Rutshuru-centre n’a été qu’éclaire. Aujourd’hui, on le regrette mais c’est trop tard.
La pire histoire, c’est la position dans laquelle est aujourd’hui condamné le gouvernement congolais. Il devra maintenant négocier en position de faiblesse face à un mouvement qu’il considère comme territoire. Quoi qu’il en soit, Kinshasa doit repenser sa stratégie de gérer les questions sécuritaires. A ce moment où les rebelles tentent de s’emparer de toutes les façons de la ville de Goma, toutes les énergies devraient être concentrées sur cette affaire afin d’empêcher que Goma tombe entre les mains du M23. Ceci éviterait au moins l’humiliation à la République. Sinon…

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