Par Charles Mapinduzi
On le savait déjà, le conflit entre Kinshasa et Kigali a atteint un point de non retour. D’ailleurs, face aux tentatives de Doha (Qatar) de ramener les 2 États sur une même table, Félix Tshisekedi est resté intraitable. Peut-être que le président congolais en a déjà marre avec toutes ses doses d’hypocrisie que lui offre son homologue rwandais depuis 2019.
Le mardi 24 janvier dernier, autour de 17h, Kigali a franchi la ligne rouge. Depuis son territoire de Rubavu, celui-ci a autorisé à ses tireurs de viser un avion de chasse congolais qui atterrissait à l’aéroport de Goma après quelques heures de survol de reconnaissance dans la zone congolaise sous contrôle du M23.
Comme dans ses sempiternelles attitudes de victimisation, le Rwanda a sous-entendu que le Sukhoi a survolé son territoire alors que le tir a touché l’appareil qui était dans l’espace aérien congolais. Mais, que veut Kigali? Jusqu’où compte-t-il aller avec ses provocations contre la RDC?
De l’avis de certains observateurs avertis, le régime rwandais a peur de toute attitude que prendrait Kinshasa après que ce dernier a récemment déclaré qu’il était prêt à défendre l’intégrité de son sol. Ce qui, par ricochet, pousse Kigali a être constamment en position offensive. Et cela pourrait l’être aussi longtemps que les relations seront tendues entre les 2 capitales. Grâce à la diplomatie et aux dénonciations congolaises, le Rwanda sait que la RDC est en voie d’obtenir l’adhésion du monde à sa cause et craint ainsi de passer pour un paria. D’où, sa raison de se victimiser en toute circonstance.
D’autre part, la réaction de Kigali vise à donner l’impression que le Rwanda est en forme. Il sait qu’il n’a aucune chance si le Congo engageait une guerre ouverte contre lui. Par conséquent, il tente des actions dissuasives pour donner l’image qu’il est prêt à tout éventualité. Par ailleurs, Kigali veut pousser la main de Kinshasa à entrer dans une guerre afin que par sa victimisation de depuis 1994 lors du génocide, il se passe pour un État faible, fragile qui se fait agresser par le géant Congo, à l’allure de la Russie et de l’Ukraine aujourd’hui.
A Kinshasa, pendant ce temps, les autorités doivent méticuleusement préparer un plan de riposte. Jusqu’ici, le gouvernement congolais a sorti un communiqué où il dénonce fermement l’attaque et promet ne jamais se laisser faire. Pour des analystes, l’acte posé par Kigali est une déclaration pure et simple de la guerre. Ceci devrait être pris très au sérieux par les dirigeants congolais. Ainsi, que doit donc faire le gouvernement ?
Depuis le début du conflit, la RDC n’a fait que dénoncer et parfois se plaindre. Cette attitude laisse ainsi une marge de manœuvre à Paul Kagame qui se croit tout permis. Après une attaque ciblée contre un avion de chasse dans un espace aérien congolais, Kinshasa devrait changer de paradigme et agir en conséquence. Car, jusqu’ici, ses stratégies n’ont pas répondu aux attentes. Déclarer une guerre contre le Rwanda? Peut-être même pas. Toutefois, plusieurs cartes sont sur la table.
Il y a entre autres la rupture totale des relations diplomatiques avec la fermeture des frontières entre les 2 pays. Ceci ferait plier directement le Rwanda dont une grande partie de la population dépend directement des marchés congolais. Kinshasa doit également renforcer les effectifs militaires à la frontière en se préparant à intervenir directement en cas de nouvelle provocation. Sur le plan diplomatique, la RDC devrait pousser plus loin et faire payer sa coopération internationale afin que, comme pour l’Ukraine, le monde adhère à sa cause, etc.