Par Charles Mapinduzi
Les rebelles (récidivistes) du M23 ont cédé Rumangabo à la Force Est-Africaine avec interdiction que les FARDC y mettent les pieds !
Mais pourquoi ? Dans un pamphlet, le journaliste Magloire Paluku, originaire du Nord-Kivu est revenu sur le mythe qui entoure Rumangabo. En voici la texture :
Plusieurs questions se posent quand on connait très bien Rumangabo et toute la région du territoire de Rutshuru.
D’abord, Rumangabo n’est pas seulement un camp militaire. C’est une riche et historique agglomération du groupement Gisigari, dans la chefferie de Bwisha.
Dans sa proximité géographique avec le Rwanda et l’Ouganda en reliant la RN2 de Goma vers Bunagana, il y a une jonction curieuse avec le Rwanda en dépassant Chengerero jusques aux encablures de Chanika, la frontière Rwanda-Uganda.
Cette configuration géographique, ici élargie, traversant le parc national des Virunga est riche en presque tout. Les colonies des gorilles de montagnes, le bois, les terres rares avec une réserve de Colombite et Tantalite (COLTAN). Les mines de Coltan près de la route vers Buvunga sont aussi une tentation régionale.
Rumangabo et son histoire culturelle !
Le monument de Rumangabo érigé en 1947, après les victoires de la force publique Congolaise à la seconde guerre mondiale, reflétait la gloire et les prouesses de nos Forces Armées . C’est un patrimoine matériel historique à conserver. Il y a douze ans, un projet de créer un musée thématique de la guerre dans le camp militaire de Rumangabo était évoquée, sans suite !
Les militaires surnommés ROMEO du 411eme bataillon de la force terrestre, entraînées et cantonnées à Rumangabo faisaient rêver les jeunes des années 70-80.
Pourquoi céder Rumangabo à la Force Est-Africaine et refuser aux FARDC son accès ? Quatre réponses, même si discutables viennent à l’esprit :
1.Les chefs du M23 et leur allié du Rwanda ont, sans doute, gardé en mémoire les bombardements du camp de Rumangabo par les FARDC le mercredi 24 Juillet 2013. Surpris durant un rassemblement, ce jour-là est resté indélébile… !
2.Toute guerre est une entreprise économique entre mafieux. Les mines de Coltan de la région de Rumangabo, les terres rares de Katale pour la fabrication du ciment avec la pierre basalte de Goma peuvent intéresser.
3. La Route Nationale 2 reliée à celle venant du Rwanda et de l’Uganda sont un moyen de communication presque libre, pour un trafic illicite des minerais et tout produit non déclaré depuis Rutchuru jusques à l’océan Indien en passant par l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya.
4. Il est bizarre que dans une guerre sectorielle, dans laquelle les rebelles n’ont pas un nombre important d’administrateurs civils et de militaires (Congolais) pouvant protéger leur territoire, les parties stratégiques soient abandonnées aux étrangers sans contrôle des nationaux ni force loyaliste.