Par Charles Mapinduzi
Quand le vin est tiré, faut-il impérativement le boire? Félix Tshisekedi ira-t-il au bout de sa démarche, celle de vouloir rallier à tout prix ses voisins à sa cause? Mystère. Après sa prise de pouvoir en 2019, sans puiser de l’expérience du passé, le chef de l’État congolais s’est vite rapproché des pays limitrophes. Or, qui mange avec le diable doit avoir de longues fourchettes, dit-on. Malheureusement, il se peut que Tshisekedi ait bafoué ce principe en dépit des alertes populaires. Erreur!
En juin 2021, celui-ci a accepté la signature de 3 accords entre la RDC et le Rwanda dont celui sur l’exploitation de l’or en vue d’en assurer la traçabilité et priver aux groupes armés des revenus issus de cette filière, selon un communiqué de la presse présidentielle sorti ce jour-là. Pourtant, Kigali est toujours soupçonné d’être le parrain principal de ces mêmes milices. En fin de la même année, le chef de l’État congolais a aussi accepté une coopération militaire avec l’Ouganda, qui a permis l’entrée des UPDF sur le territoire congolais depuis le 30 novembre 2021. En avril 2022, Kinshasa a également adhéré à la Communauté d’Afrique de l’Est dont l’objectif principal est la libre circulation des personnes et des biens entre Etats membres (Rwanda, Ouganda, Burundi, Kenya, Tanzanie, Soudan du Sud et RDC).
Aujourd’hui, les mêmes États auxquels Tshisekedi s’est rallié contre l’attente populaire le poignardent dans le dos. Le Rwanda sous le label M23 s’est emparé d’une cité stratégique au Nord-Kivu. Le centre-frontière de Bunagana (Nord-Kivu) est passé sous son contrôle depuis le lundi 13 juin dernier. Comble de malheur, des éléments témoignent que l’armée ougandaise a favorisé cette conquête. C’est pourtant la même armée qui est engagée aux côtés des FARDC dans la région de Beni et en Ituri pour combattre des groupes armés. Sans équivoque, ce tableau démontre jusqu’à point Félix Tshisekedi a été floué et roulé dans la farine. Il est évident qu’il doit être en train de s’en rendre compte et de donner raison à son propre peuple qu’il n’a pas écouté.
Pourtant, Noël Tshiani avait déjà prévenu, lui aussi. Jusqu’à ces jours, l’ancien candidat-président soutient que préférer la CEEAC à la SADEC a été un mauvais choix fait par la RDC. Il est convaincu que les solutions aux problèmes du Congo viendront du Congo.
“La RDC est rattrapée par la stratégie de la séduction (CEEAC) au détriment de la SADC. C’est le bal des chauves. Nos ennemis de là sont démasqués. Nous l’avions pourtant dénoncé mais ils n’avaient pas voulu écouter. Sachez que le salut de la RDC viendra principalement de son peuple”, dit-il.
Et à la sénatrice Francine Muyumba de renchérir. La Kabiliste martèle que Kampala et Kigali n’ont jamais mené franc jeu contre la RDC, une bonne raison de s’en méfier.
“C’est une erreur de se distancer de la SADC pour épouser l’EAC qui comprend des pays ayant des ambitions hégémoniques sur la RDC. Le Rwanda et l’Ouganda ne sont pas des voisins fiables. Ce sont des ennemis qui collaborent pour fragiliser la RDC pour leurs intérêts”, prévient-elle.
En 2012, le Rwanda et l’Ouganda ont été cités dans l’agression de la RDC à travers le M23. Depuis, Joseph Kabila alors président de la République, avait pris des distances d’avec ces États. C’est avec l’avènement de Tshisekedi que les relations bilatérales entre le Congo et ces pays se sont réchauffées. Mais, tout à coup, on s’aperçoit que Kigali et Kampala continuent à souffler du chaud et du froid pour avoir le président congolais dans leur poche.