Par Charles Mapinduzi
“Le réparateur des femmes” ne lâche pas le régime de Kinshasa compte tenu du pourrissement de la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays. Lui, qui est resté critique depuis le régime Kabila a toujours manifesté son indignation face aux vies qui sont régulièrement fauchées au Nord-Kivu, Ituri, Sud-Kivu, Tanganyika, à Kwamouth, ces parties les plus instables de la République.
Au moment où l’Accord cadre d’Addis-Abeba pour la paix est à sa 10e année, Denis Mukwege constate amèrement que les groupes armés pullulent toujours. Mais, le Prix Nobel de la paix est convaincu que ces derniers ne peuvent se sentir obligés de mettre fin à leurs actions suite à l’impunité dont ils bénéficient et qui aboutit très souvent à des pourparlers avec les autorités de la République.
Dans ce contexte d’insécurité accrue, de surmilitarisation de la région et de négociations en cours, les groupes armés ne sont pas enclins à rendre les armes, car ils sont conscients que l’ampleur et le niveau de cruauté des crimes qu’ils commettent en toute impunité sur les civils ouvrent des perspectives à la date des négociations”, écrit-il.
En même temps, Denis Mukwege fustige le fait que le gouvernement congolais ait décidé de céder le programme de désarmement à Tony Tambwe, un ancien rebelle avec qui certains responsables des milices ont même travaillé dans la rébellion. Le Prix Nobel est d’avis que cela amenuise les chances de voir les groupes subversifs déposer les armes.
“En outre, les éléments des groupes armés ont affiché un déficit de confiance à intégrer le nouveau programme gouvernemental de démobilisation, désarmement, réinsertion suite à la nomination comme coordinateur du programme d’un ancien rebelle proche du M23, mettant en péril à la mise en oeuvre de ces importantes mesures non-militaires”, chute le docteur.